Jupiter brandit la foudre

Publié le par Vincent Sévigné

Jeudi soir, 14 octobre, notre Président n’a pas tergiversé ; le couvre-feu, de 21 h à 6 h du matin, est évidemment une décision lourde ; celle-ci concerne non seulement la région Île-de-France mais aussi huit grandes métropoles, soit, environ, vingt millions d’habitants ; qui plus est, notre Emmanuel n’a pas hésité à utiliser un terme chargé d’Histoire. À cette occasion, notre Président nous a prouvé, une fois de plus, qu’il était un excellent communiquant.

Je cautionne l’essentiel de cette intervention, qui était devenue indispensable. Alors, j’applaudis ?

Non. Pourquoi en est-on arrivé à une telle situation ? Dès le mois de mars, les vétérinaires étaient prêts à faire des tests à grande échelle ; certes, ces tests étaient imparfaits mais ils auraient pu être améliorés en six mois ; or, aujourd’hui, il n’y a pas encore de tests rapides massivement disponibles ; notre Président nous promet seulement de mettre ces tests en priorité.

Dès le mois de mars, de nombreux commentateurs, dont moi-même, affirmaient l’utilité, évidente, des masques, même si ceux-ci étaient fabriqués artisanalement ; de même, nous étions nombreux à préconiser l’utilisation de fiches pour faciliter le traçage des contacts ; pourquoi de telles mesures, peu contraignantes, n’ont-elles pas été soutenues plus tôt ? Comment se fait-il qu’il n’y ait pas encore de logiciel fiable pour remplacer de telles fiches ?

Il n’est pas nécessaire de sortir de l’ENA pour comprendre que les réunions amicales regroupant des personnes d’horizons divers sont des facteurs déterminants de propagation des épidémies et donc du covid-19 ; il y a longtemps que le gouvernement aurait dû alerter sur la dangerosité des brassages familiaux tels que les mariages ; pourquoi n’y a-t-il pas eu une intense campagne d’information « publicitaire » pour sensibiliser la population sur ce point ? D’ailleurs, une réunion entre 8 personnes qui se côtoient régulièrement et connaissent bien leurs états de santé respectifs est moins dangereuse qu’une réunion entre 6 personnes qui ne se sont pas vues depuis plusieurs semaines. Mais est-il raisonnable de prendre des décisions lourdes valables dès le lendemain alors que les statistiques permettent de prédire l’avenir avec une relative précision.

J’ai déjà dit que, autant que je pouvais en juger, monsieur Le Maire faisait du bon travail ; sur le plan économique l’Europe, et la France, font les bons choix.

Par contre, sur le plan sanitaire, les conseillers du gouvernement et le ministre de la santé me semblent nullissimes. Ceci dit, perquisitionner chez un ministre en exercice et au moment le plus crucial est évidemment contre-productif. S’il fallait mettre en prison tous les incapables, qui resterait en liberté ?

Une dernière remarque : il est vrai que le couvre-feu précité pénalise surtout les jeunes ; était-il plus facile d’être un jeune Français au moment de la guerre d’Algérie, avec 28 mois de « pacification », ou, a fortiori, en 39-45 ou en 14-18 ?

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