Jean Vanier : non, pas lui !

Publié le par Vincent Sévigné

Un tsunami, le mot n’est pas trop fort ; Jean Vanier, le fondateur de l’Arche, un « saint » reconnu et admiré par tous, était, lui aussi, un prédateur sexuel ! Et ce ne sont pas des journalistes de caniveau qui nous révèlent l’impensable mais des dirigeants de l’Arche eux-mêmes. Je rappelle, pour ceux qui l’ignoreraient, que l’Arche est un organisme de référence pour l’accueil et la promotion des handicapés ; Jean Vanier, son fondateur, avait, incontestablement, un charisme exceptionnel de compassion et d’empathie envers les handicapés ; il était mondialement considéré comme l’une des grandes références spirituelles actuelles.

 

Or, il a utilisé son empreinte psychologique pour abuser, parfois sexuellement, au moins six femmes, certes majeures et non handicapées ; il n’est pas certain que la liste soit définitive. Le frère Thomas Philippe, dominicain, était le directeur spirituel de Jean Vanier ; il a été condamné par le Vatican dès 1956 ; deux commissions initialisées par les dominicains vont chercher à établir la vérité en ce qui concerne ces prédateurs sexuels et leurs enseignements.

 

Je vais vous faire un aveu ; penser que des hommes normaux puissent vivre sans avoir une sexualité active a toujours été pour moi un mystère ; car, non seulement cela impose de ne pas avoir de partenaire, stable ou transitoire, mais cela induit aussi de refuser la masturbation ; et il y a pire : comment peut-on brider à ce point son imagination ? Je sais bien que, dans les couvents, on se lève à trois heures du matin pour prier collégialement ce qui peut aider à freiner les pulsions nocturnes. De même, je veux bien croire que la discipline de l’abstinence puisse, peu à peu, freiner les ardeurs naturelles ; mais est-il vrai que la nature humaine puisse durablement se faire violence à ce point ? Toutefois, je m’étais imaginé qu’un « saint » tel que Jean Vanier pouvait sublimer sa chasteté pour accroître la pureté de sa spiritualité et augmenter sa disponibilité auprès des plus pauvres.

 

Par respect pour mes amis prêtres, j’ai hésité, jusqu’ici, à faire part de mes doutes ; toutefois, il faudrait peut-être que l’église catholique s’interroge : s’il y a un pourcentage important de prêtres qui sont incapables d’assumer l’exigence de chasteté, il faut impérativement modifier cette règle ; leur donner généreusement l’absolution et en faire des « pécheurs pardonnés » n’est pas la bonne solution ; au contraire, une distorsion entre la façade et le vécu quotidien est un chemin de mort ; d’une part, cela ne peut qu’engendrer la méfiance, voire le mépris, à l’encontre de l’église ; d’autre part, sinon surtout, une telle antinomie provoque inéluctablement un dérèglement du moi profond ; à partir du moment où on est pécheur si on éjacule, on ne fait plus la différence entre ce qui est fondamentalement sain et voulu par le créateur de la sexualité et les comportements pervers pouvant aller jusqu’au viol des consciences ou, pire, la pédophilie.

 

En tant que frère dominicain, Thomas Philippe était tenu à la chasteté ; en tant que directeur spirituel chrétien et référence morale, Jean Vanier se devait, évidemment, de respecter les femmes qui lui apportaient leur confiance. Y a-t-il, dans la sainte église catholique romaine, un climat inapproprié en ce qui concerne la valeur intrinsèque de la sexualité ? Ladite église va-t-elle, enfin, entendre les signes (célestes?) que sont la pédophilie et les dérapages de Thomas Philippe et Jean Vanier ?

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article