Johnson, le Macron anglais

Publié le par Vincent Sévigné

La similitude entre les parcours d’Emmanuel Macron et de Boris Johnson est étonnante, avec un retard de plus de deux ans pour le deuxième ; l’un et l’autre sont des bonimenteurs brillants, convaincants et donc efficaces ; l’un et l’autre ont été largement élus sur un programme séduisant mais très difficile à mettre en œuvre ; confortés par leurs succès électoraux, l’un et l’autre atteignent les sommets de l’arrogance ; l’un et l’autre ont bénéficié d’adversaires populistes irréalistes ; l’un et l’autre font preuve d’amateurisme coupable sur tous leurs dossiers ; l’un et l’autre vont devoir affronter des problèmes insurmontables liés à leurs promesses démagogiques ; mais, et c’est cela le plus inquiétant, à ce jour, l’un et l’autre n’ont pas d’alternative crédible. Monsieur Johnson fera-t-il mieux que monsieur Macron ? Cela m’étonnerait : je le crois encore plus incompétent pour résoudre les problèmes complexes et le Brexit n’est pas plus rassurant que le projet de réforme des retraites.

 

L’Europe va donc entrer dans une période particulièrement sombre ; elle sera remise en cause, parfois injustement, mais, sur le fond, c’est tout de même le mauvais fonctionnement de l’Europe qui est à l’origine de son rejet. L’Europe saura-t-elle rester unie sur les objectifs essentiels ou, au contraire, chaque pays va-t-il profiter de la faiblesse des organismes européens pour tirer la couverture à lui et, ainsi, déchirer un peu plus l’Union Européenne ? Le nouvel exécutif européen va-t-il redresser intelligemment la barre en abandonnant les directives tatillonnent au profit des grands projets fédérateurs ?

 

Dans ce contexte, l’OPA de Searchlight Capital Partners sur Latécoère me semble particulièrement significative ; le fonds d’investissement précité est américain, voire international ; l’entreprise Latécoère est un fleuron technologique français ayant, entre autres, des activités stratégiques dans les domaines de l’aéronautique et de la défense ; que cette entreprise ait besoin de se renforcer, pourquoi pas ; mais qu’elle aille se mettre sous la coupe d’un fond de pension international au lieu de rechercher un partenaire européen est pour le moins inquiétant ; les promesses du fond précité n’engagent que ceux qui font semblant de les croire. Il semble que le gouvernement français donne son accord à cette OPA ; que dit la droite classique ? Faut-il en conclure que, face à l’omni-puissance du grand capital, monsieur Macron est en passe de devenir un nouveau Pétain et monsieur Philippe un nouveau Laval ? L’avenir nous le dira. Dans ce domaine, je pense que monsieur Johnson est d’une autre trempe ; je le vois plus en Churchill qu’en Chamberlain ; c’est peut-être ce qui rassure, plus ou moins inconsciemment, l’électeur britannique.

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