La réforme des retraites, le Brexit français

Publié le par Vincent Sévigné

Selon moi, la réforme des retraites « proposée » par notre gouvernement est, pour la France, ce que le Brexit est pour le Royaume-Uni : une catastrophique sorcière déguisée en princesse. Rappelons d’abord que l’origine du Brexit est le mauvais fonctionnement de l’Europe ; la solution est donc évidente : il suffit de sortir de l’Europe pour que tout s’arrange par miracle ; malheureusement, la pomme est empoisonnée ; le Brexit s’avère d’une complexité terrifiante alors qu’il est possible d’amender le fonctionnement de l’Europe, éventuellement en tapant du poing sur la table.

 

Le système de retraites français est une hydre à 42 têtes ; là encore, la solution est triviale : on coupe toutes les têtes, sauf une ; malheureusement, couper 41 têtes provoque un flot de cas particuliers, souvent assez sanglants pour les intéressés ; le cas le plus simple à appréhender est celui des enseignants ; actuellement, c’est un système qui fonctionne relativement bien ; des technocrates enfermés dans leur bulle, ont décrété qu’il fallait couper cette tête et faire entrer les enseignants dans le régime général de la retraite par points. Or, selon moi, il n’est pas nécessaire de sortir de Polytechnique ou de « Normale Sup’ » pour comprendre que ces deux régimes sont parfaitement antinomiques ; avoir une retraite calculée à partir des points obtenus au cours de la vie ou, au contraire, établie à partir du salaire des cinq dernières années d’activité sont deux modes de calcul aux antipodes l’un de l’autre ; apparemment, ni monsieur Laurent Berger, ni monsieur Édouard Philippe n’ont noté cette évidence. Selon moi, le moindre mal était de garder ces deux systèmes conjointement, chaque Français pouvant bénéficier des deux au prorata de ses activités. Les enseignants, à juste titre, sont fort inquiets de passer d’un régime qui marche à une usine a gaz qui, quoi qu’ « en marche », ne peut que créer des distorsions imprévisibles dans l’état actuel des connaissances sur la réforme projetée. Et, évidemment, ce qui précède n’est qu’un exemple parmi des milliers d’autres.

 

La première caractéristique de la réforme proposée est beaucoup plus que de l’amateurisme : c’est de l’incompétence notoire. Or, elle débarque sur un terrain miné : sauf quelques améliorations marginales, toutes les réformes antérieures du présent gouvernement sont marquées du même sceau : des choix absurdes enrobés de boniments séduisants ; dans un tel contexte, comment pourrait-on faire confiance à monsieur Macron et à son exécutif ?

 

Notre président est le seul responsable de la grève et de ses conséquences : un coût financier affolant, une perte de crédibilité internationale et, surtout, les souffrances des usagers les plus fragiles. De plus, pendant que ce président arrogant nous fait perdre notre temps, une foule de réformes simple, utiles, efficaces, ne sont pas assumées. Il paraît que la droite classique commence à prendre la mesure de cette situation pour amorcer des propositions solides et crédibles.

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