Le pape soutient la charia

Publié le par Vincent Sévigné

Dans une note publiée le 1er juillet, la Pénitencerie apostolique, avec l’aval du pape, a rappelé l’inviolabilité du secret de la confession car … « provient directement du droit divin » ; or, décider jusqu’à quel point le secret de la confession doit l’emporter sur toute autre considération relève de la loi du pays concerné ; la note précitée met donc « le droit divin » au-dessus des lois humaines ; c’est évidemment absolument contraire à l’esprit de la loi de 1905 et à la « laïcité à la française » ; si on acceptait l’argumentation de ladite note, il faudrait, par réciprocité, reconnaître que la charia, qui est de droit divin, s’impose à la loi française.

 

Mais le plus intéressant dans cette affaire est la réaction du journal La Croix en date du 2 juillet ; celui-ci explique clairement l’historique associé à la note du Vatican mais l’analyse de ses « spécialistes » me laisse perplexe ; selon eux, cette note est « archi-classique mais incompréhensible par une société sécularisée » ; non : les susdits « spécialistes » ont tort ; classique ou pas, cette note empiète sur le pouvoir temporel au nom du pouvoir divin : ceci est absolument contraire au droit français ; on peut toujours choisir de ne pas respecter la loi, mais il faut être prêt à en payer le prix et se demander si on ne sombre pas dans un délire mégalomane.

 

Par ailleurs, on peut penser légitimement qu’il est bon qu’un coupable sache qu’il peut compter sur le silence de ceux auxquels il se confie : son avocat, son psychiatre, ses médecins en général  ; le secret de la confession a toute sa place dans ce registre ; mais c’est au législatif, et à lui seul, de préciser jusqu’où doit aller ce secret et quelles en sont les exceptions ; vu sous cet angle, « le droit divin » est hors sujet, sauf à accepter d’accorder une primauté à la charia par rapport au droit français ; une fois que l’État a fixé des règles, qui peuvent évoluer, il appartient aux instances catholiques ou musulmanes de s’adapter à ce cadre législatif ; par exemple, interdire à un supérieur hiérarchique de recevoir en « confession » un subalterne est une précaution de bon sens qui s’impose 

 

Enfin, au-delà du juridisme, la note de la Pénitencerie apostolique est fort éclairante, pour ne pas dire lumineuse ; il y a encore des « éminences » catholiques qui sont persuadées que, dans certains domaines temporels (voire dans beaucoup), « leur saint-esprit » leur accorde une supériorité morale sur les « pauvres laïcs », en général pécheurs, même si ceux-ci sont mandatés démocratiquement.

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