Pantouflage

Publié le par Vincent Sévigné

 

Dans le précédent billet, on a évoqué le « pantouflage » de Jean Monnet, l’un des « pères de l’Europe », qui a su utiliser ses relations politiques pour faciliter sa carrière financière internationale (voir le dernier livre de Philippe de Villiers). Il n’est pas le seul et les exemples récents laissent rêveur.

 

Huawei est l’une des multinationales les plus contestées actuellement ; d’une part, cette entreprise fait peur ; c’est elle qui a engrangé le plus de brevets dans le domaine des télécoms ; son avance technologique en ce qui concerne la 5G inquiète les spécialistes américains eux-mêmes ; elle est théoriquement indépendante mais chacun sait que toutes les entreprises chinoises importantes sont, en fait, étroitement liées au pouvoir politico-militaire ; les possibilités d’espionnage de Huawei sont illimitées et non contrôlables, quoi qu’en disent quelques naïfs.

 

Or, Jean-Louis Borloo est nommé président du conseil d’administration de Huawei France ; c’est une entreprise qu’il connaît bien puisqu’il a déjà été membre de ce conseil d’administration ; mais son retour dans le contexte actuel prend un relief saisissant ; monsieur Borloo n’est pas n’importe qui et jouit d’un capital de sympathie enviable, notamment auprès de la gauche bobo ; il est incontestable que Huawei a besoin d’appuis politiques en France et en Europe ; compte tenu de son aura et de sa faconde, monsieur Borloo est en mesure de lui apporter un soutien extrêmement efficace. Cette situation est légale mais malsaine ; puisque monsieur Borloo n’a pas de responsabilité gouvernementale, juridiquement, il n’y a pas de conflits d’intérêt ; mais l’homme de la rue ne saurait être dupe ; selon moi, si la nomination précitée est confirmée, le Rassemblement National doit émettre de vigoureuses réserves et expliquer pourquoi cette « trahison légale » met en péril l’indépendance de la France.

 

Le cas de monsieur Barroso est encore plus emblématique ; il a été, pendant dix ans, le président de la Commission européenne ; or, cet éminent technocrate a rejoint la banque Goldman Sachs ; les protestations de l’exécutif de la Commission européenne ont été pour le moins modérées ; or, Goldman Sachs est considérée comme la plus importante banque d’affaires mondiale et cette banque new-yorkaise a été plus ou moins impliquée dans des scandales financiers  ; là encore, l’européen « moyen » ne peut pas être naïf ou aveugle ; le message est limpide : les banques d’affaires et les multinationales noyautent les gouvernements, sans complexe et au vu et au su de tous, aussi bien en France qu’au niveau européen. Et on « condamne » madame Le Pen au prétexte que ses assistants parlementaires n’ont pas suffisamment fait semblant de travailler dans l’axe imposé par monsieur Barroso : scandaleux !

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