Les douze tribus d’Europe

Publié le par Vincent Sévigné

La campagne des élections européennes a donc été lancée par « L’Émission politique » sur France 2 le jeudi 4 avril. Douze candidats, c’est évidemment trop ; il eut été préférable d’avoir deux émissions plus courtes avec des présentateurs moins bavards, six candidats chacune et tirage au sort pour la répartition. Il n’y a pas eu de surprise majeure, pas de clash et pas d’effondrement spectaculaire. Quant au fond, on a quasiment rien appris de nouveau ; l’intérêt était plutôt de jauger ces douze nouveaux chefs de tribus.

 

Jordan Bardella (Rassemblement national) est probablement celui qui a le plus bénéficié de cette émission ; pour lui, l’enjeu, était crucial ; compte tenu de sa jeunesse, 23 ans, on pouvait craindre des maladresses, voire des erreurs, et des passages à vide ; il n’en fut rien, bien au contraire ; il a assumé aussi bien qu’un vieux routier de la politique ; est-ce du solide ou est-ce l’inconscience de la jeunesse ? L’avenir le dira ; il a, entre autres, bien expliqué la nouvelle position de Marine Le Pen en ce qui concerne l’Europe : on reste dans l’Union européenne parce qu’on peut espérer la faire évoluer compte tenu des rapports de force au sein du futur Parlement européen ; notons, à ce sujet, que Marine Le Pen et Jordan Bardella affichent de plus en plus ouvertement leur alliance stratégique avec Matteo Salvini, le patron de la Ligue (Italie).

 

Nathalie Loiseau (LREM) avait, elle aussi, un challenge déterminant à assumer ; sa prestation face à Marine Le Pen avait laissé une impression de gamine récitant maladroitement une leçon peu convaincante ; le formatage de l’émission étant heureusement beaucoup plus strict, elle n’a pas pu utiliser la technique sommaire et éculée de l’interruption systématique des adversaires ; selon moi, le plus frappant dans sa prestation est, justement, l’absence de force de frappe ; un débit monocorde qui n’arrive pas à être enflammé, même si elle s’efforce de faire croire le contraire ; bref, exactement le contraire du style jupitérien d’Emmanuel Macron.

 

Beaucoup comptaient sur une présentation posée, mais brillante, de la part de François-Xavier Bellamy ; en fait, on a vu un candidat impressionné par l’enjeu et relativement timide ; le contraste avec Jordan Bardella, pourtant plus jeune, était surprenant. Le deuxième « intellectuel », Raphaël Glucksmann, avait, lui aussi, un peu de mal à s’engager dans la mêlée. Les autres candidats ont essayé de se faire une place, surtout en contrant leurs adversaires les plus proches, pour marquer leur territoire ; les « jeunes » les plus incisifs et les plus convaincants m’ont semblé Manon Aubry (la France insoumise), Ian Brossat (PCF) et Yannick Jadot ( Europe-Écologie-Les Verts).

 

Une dernière remarque concernant les sondages ; je note l’insistance des responsables des instituts « Pythonisse » pour dire qu’il faut aussi tenir compte de la dynamique ; cela me donne à penser que, en fait, actuellement, le Rassemblement national est en tête, mais il ne faut pas le dire de peur d’accélérer l’hémorragie des « marcheurs ».

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