Rénover l’église, sixième piste

Publié le par Vincent Sévigné

Mathieu 11:20 Mon joug est doux et mon fardeau léger.

Matthieu 23:4 Ils (les scribes et les pharisiens) lient de pesants fardeaux et les mettent sur les épaules des autres, mais eux-mêmes se refusent à les soulever du bout des doigts.

 

Dans mon enfance, le magistère de l’église catholique romaine expliquait que l’idéal de vie proposé par le Christ était inaccessible. Les pauvres humains, pêcheurs inconditionnels, n’avaient donc, comme seule issue, que de se frapper la poitrine et … de se vautrer dans la fange de leur péché. Du moins, c’est ce que j’ai cru comprendre. Heureusement, de 1789 à mai 68, la société civile s’est insurgée contre cette dérive « misérabiliste » en affirmant sa confiance en l’Homme. Or, selon moi, cette dérive mortifère reste la boussole de l’église catholique romaine ; les mots ont changé, on parle moins de péché, mais pas les exigences.

 

En fait, je suis convaincu que, pour l’essentiel, les erreurs dans l’organisation du monde proviennent de personnes qui se trompent de combat, qui ignorent l’esprit des béatitudes, et non de la somme des méchancetés individuelles, même si celles-ci sont incontestables. Aujourd’hui, certains altruistes, chrétiens ou non, se dévouent corps et âme à la cause des plus pauvres … en jetant de l’huile sur le feu, qui se transforme en kérosène déversé sur les Twins de Manhattan. Si la sainte église catholique romaine avait eu une part du pouvoir en Chine, il y aurait, aujourd’hui, au moins deux milliards de Chinois, affamés et menaçant de déstabiliser la planète. Cette remarque vaut encore si ce même pouvoir avait été confié à la démocratie libérale, cette fille bâtarde de l’évangile.

 

Si j’ai raison, est-il important de dénoncer la dérive « misérabiliste » évoquée plus haut ? À mon avis, oui. En effet, cette fuite en avant autorise le magistère à édicter des règles inacceptables ; des règles qui troublent, ou oppriment, les plus fragiles, les plus pauvres ; des règles que les hommes de bon sens s’empressent de transgresser, ce qui les rend dubitatifs sur la totalité du magistère, et même sur l’évangile. La voie proposée par le Christ est saine et accessible. Certes, la croix imposée par le contexte humain – et non par Dieu – est parfois lourde, très lourde ; raison de plus pour ne pas en rajouter.

 

Le rôle de l’Église est de nous aider à adhérer à Jésus-Christ. Globalement, bon an mal an, j’affirme que l’Église, c’est-à-dire le peuple des chrétiens, a bien assumé cette tâche : pour s’en convaincre, il suffit de comparer son bilan avec celui d’autres systèmes politiques, idéologiques ou religieux. Mais cela ne saurait m’amener à cautionner l’inconscience du magistère. Pour rester dignes de leur fondateur, les églises (chrétiennes) ont dû, au fil des siècles, admettre, puis corriger, leurs multiples erreurs ; l’une des plus subtiles est de se comporter comme les sectes dont les exigences contestables renforcent la pression morale ; une autre est de semer la confusion entre l’adhésion au Christ d’une part et l’obéissance aveugle à une hiérarchie religieuse perfectible d’autre part.

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