Je suis raciste

Publié le par Vincent Sévigné

 

Oui, je me sens vendéen du bout des ongles à la racine des cheveux, sinon plus ; j’admire ces héros qui ont eu l’audace de s’opposer aux excès de la Révolution française, participant ainsi à la chute morale de Robespierre ; mais j’admire aussi, et avec la même conviction, le général Hoche, ce pacificateur de la Vendée.

Que l’on soit blanc, noir ou coloré, nous sommes tous racistes, et c’est très bien ainsi ; il faut seulement faire attention à ne pas déraper ; il faut aussi demander aux gouvernants d’éviter de jeter de l’huile sur le feu et de mettre en place des mesures de bon sens. J’ai déjà dit, à plusieurs reprises, que, selon moi, notre président a cru bon d’inciter les CRS à tabasser les manifestants : c’est une erreur. L’IGPN, la « police des polices », devrait, depuis longtemps, être sous le contrôle de la justice et donc complètement indépendante du ministère de l’intérieur, même si elle est composée, en partie, d’anciens policiers.

Instrumentaliser l’affaire Adama Traoré est du racisme à l’état pur ; c’est une affaire judiciaire ; j’ignore absolument si, dans ce cas, la justice française fait bien son travail ; par contre, je me permets de rappeler une dominante de ladite justice : le bénéfice du doute doit bénéficier à l’inculpé ; or, aujourd’hui, les inculpés ne sont pas Adama Traoré mais des policiers. Qui plus est, organiser une manifestation sans demander avec insistance le respect de la distanciation physique est , aujourd’hui, une mise en danger de la vie d’autrui par imprudence.

La « préférence raciale » est une erreur ; mettre au gouvernement, sur un poste éminemment exposé, une personne au seul prétexte qu’elle est colorée est une faute ; son incompétence, si incompétence il y a, ne peut qu’exacerber le « racisme latent des petits blancs ». Par contre, accorder des avantages fiscaux, analogues à ceux prévus pour les handicapés, pour l’embauche de personnes habitant une zone défavorisée me semblerait normal.

Oui, je suis raciste ; j’assume pleinement les valeurs de la République française ; mais j’assume aussi les fautes du peuple français ; la trahison du Front populaire qui a confié le destin de la France au maréchal Pétain, vieillard gâteux et irresponsable, au lieu de le donner à de Gaulle ; j’assume aussi l’invraisemblable lâcheté de Jean-Paul Sartre, génie s’il en fut, qui n’a pas eu la lucidité de s’indigner contre le génocide de tous ceux qui, en Algérie et avant son indépendance, avaient eu le courage d’accepter des responsabilités pour éviter le délitement de la nation algérienne ; faire venir en France ces « harkis », au sens large, eut été aussi stupide que d’envoyer en Allemagne, à la Libération, les sous-préfets et autres responsables locaux plus ou moins solidaires du gouvernement de Vichy.

Et en Amérique ? Le meurtre, en direct, de George Floyd constitue une vidéo insoutenable ; j’ai la naïveté d’espérer que, en France, ce crime aurait suscité immédiatement une condamnation sans appel toutes options confondues ; si, aux États-Unis, les manifestations anti-racistes restent civilisées, Joe Biden en sera le bénéficiaire ; par contre, si les organisateurs laissent cette révolte légitime sombrer dans la violence, c’est Donald Trump qui tirera les marrons du feu.

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