Foot ou folie

Publié le par Vincent Sévigné

Quelques chiffres : en Italie du Nord, il y a plus de 350 cas répertoriés ; il y a donc environ 3.500 personnes contaminées ; Turin est la grande ville de la région ; 3.000 supporters surexcités vont aller à Lyon, en théorie pour voir un match de foot, en réalité pour se défouler.

 

Les supporters précités n’ont pas peur du coronavirus, sinon ils n’iraient pas à Lyon ; ce déplacement va donc constituer un challenge supplémentaire ce qui ne peut que renforcer leur « enthousiasme » ; en temps normal, ils ne sont pas des parangons de discipline et de civisme ; s’il y en a un seul de contaminé au départ, on peut être certain qu’il y en aura au moins une cinquantaine au retour, mais personne ne le saura ; on peut espérer que ces cinquante desperados, tel le Titanic, soient particulièrement actifs pour exhiber leur exploit d’avoir bravé héroïquement et avec succès le danger planétaire ; ils vont donc colporter cette « bonne nouvelle » ; dans une semaine, ou un peu plus, le sommet de l’iceberg se dévoilera.

 

Laurence Fautra (Les Républicains), maire de Décines, est inquiète, à juste titre, et a demandé l’annulation de cette venue ; le gouvernement français n’a pas donné suite à cette demande ; il est vrai, toutefois, que, s’il y a contamination, c’est surtout l’Italie qui sera pénalisée. On a tout de même de quoi être surpris : on demande à un enfant qui vient d’une région à risque de rester 14 jours en quarantaine avant de revenir à l’école ; cette demande pourrait être assortie de pénalisation en cas de contagion avérée pour mise en danger de la vie d’autrui ; or, dans cette incitation à la prudence, l’expression « région à risque » doit être comprise dans un sens très large et non pas, évidemment, seulement au sens des villes « confinées » ; en clair, cette mesure de précaution aurait dû, logiquement, être étendue aux supporters précités.

 

Fermer complètement la frontière avec l’Italie ne me semble pas, dans l’immédiat, une mesure opportune ; par contre, tolérer la venue de 3.000 supporters nécessairement survoltés est une faute grave ; pourquoi une telle erreur? Parce que le foot est une idole ; il y a des dieux qui sont au-dessus des mesures de précaution élémentaires. De plus, interdire cette venue pénaliserait immédiatement la cote de popularité des responsables de cette décision ; au contraire, on ne saura jamais quel a été exactement son impact dans la diffusion du coronavirus.

 

Heureusement, des restrictions beaucoup plus raisonnables ont été imposées pour d’autres rassemblements : carnaval de Nice, tournoi de rugby.

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