La Turquie et les accords de Munich

L’attaque turque contre les Kurdes est, évidemment, un évènement majeur ; une bombe militaire mais encore plus géopolitique. Certes, il y a longtemps que Erdogan souhaitait lancer cette offensive mais on pouvait espérer qu’il n’oserait pas aller jusque là. Sauf un arrêt rapide de cette folie, le mot n’est pas trop fort, ses conséquences sont incommensurables.

À court terme, le premier effet de ce crime contre l’humanité sera le martyr d’une partie du peuple kurde abandonné à l’arbitraire de supplétifs sanguinaires et irresponsables ; rappelons que c’est le peuple kurde qui a combattu et gagné, provisoirement, la guerre contre Daech.

Mais il y a plus grave : c’est toute la stratégie de l’OTAN qui vole en éclats ; Erdogan, probablement soutenu par son armée, fait passer ses intérêts à court terme avant une alliance solide avec l’Europe. Cela, du moins, devrait obliger ladite Europe à avoir une attitude crédible face à l’immigration ; compter sur la Turquie pour juguler celle-ci est un chemin de mort. N’en déplaise au pape, il faut absolument dire un non absolu à l’immigration, quelle qu’elle soit.

Je comprends très bien que les responsables kurdes aient demandé l’aide de l’armée de Bachar al-Assad , mais ce revirement en dit long sur l’impuissance et la lâcheté de l’Europe, notamment du couple franco-allemand ; et les simagrées de madame Merkel et de monsieur Macron les rendent encore plus ridicules.

Ne jetons pas la pierre à Donald Trump ; certes, je suis convaincu qu’il commet une grave erreur stratégique mais c’est l’Europe qui devrait imposer la paix à ses frontières ; sa crédibilité morale et militaire est dévalorisée pour longtemps. Comparer son invraisemblable lâcheté avec celle qui a prévalu lors des accords de Munich me semble tout à fait justifié ; c’est même pire car la puissance de l’armée turque n’a rien à voir avec ce que fut celle d’Hitler.

La droite française classique va-t-elle relever le défi ou va-t-elle laisser les extrêmes seuls pour contester la politique de notre président ? Monsieur Jacob, nouvellement promu, va-t-il brandir l’étendard de la révolte contre la lâcheté et le paraître qui ne trompe plus personne ? Va-t-il faire des propositions fortes et crédibles ? C’est l’avenir de la France qui est en jeu.

Le match nul entre la France et la Turquie aurait dû avoir lieu sans spectateurs et sans télévision.