Hamlet est-il français ?

Publié le par Vincent Sévigné

Depuis Chirac, sinon avant, le « to be or not to be » est devenu une spécialité de nos présidents ; la version « en même temps », chère à Emmanuel Macron, ne fait plus illusion ; un Président de la République, fût-il français, doit faire des choix. Sa réaction face aux fractures de son parti en ce qui concerne le voile islamique est typique ; on laisse la situation pourrir, en ne faisant rien ; on laisse certains ministres dire que l’on ne va pas proposer une nouvelle loi mais, « en même temps », d’autres affirment que l’extension du port du voile n’est pas souhaitable pour la France ; il ne faut pas encourager le communautarisme mais, « en même temps », il ne faut pas stigmatiser des populations.

 

Il est vrai que le problème est complexe mais il y a un très grand nombre d’initiatives possibles. Trouver la bonne technique pour empêcher l’extension du port du hijab, cette prison infernale ; condamner le refus de serrer la main d’une femme ; imposer à l’ensemble des musulmans français une gestion claire et transparente des financements qui les concernent ; organiser la formation des imams. Ces exemples, parmi d’autres, sont évoqués depuis longtemps.

 

Le cas des retraites est encore plus emblématique ; je rappelle, d’abord que, jusqu’ici, notre président n’a pas fait une seule réforme sérieuse importante ; je me disais que le cas des retraites serait peut-être une exception ; que nenni ! Devant la fronde, prévisible, de la plupart des syndicats, monsieur Macron baisse son pantalon avant même le début de la confrontation. Delevoye n’est que de la poudre aux yeux. Tout le travail de l’exécutif va consister à trouver des échappatoires vaseuses pour essayer de dissimuler son abandon en rase campagne. Monsieur Macron ne touchera pas aux régimes spéciaux, EDF, RATP, SNCF.

 

La proposition de taxes européennes sur les carburants des avions ou des bateaux est surréaliste ou ne pourra être adoptée que si elle se résume à une infime goutte d’eau comme les taxes sur les GAFAM.

 

Je pourrais lui pardonner tout cela si, en même temps, il avait fait avancer les innombrables dossiers moins spectaculaires mais bien utiles pour la vie concrète, dossiers sur lesquels il aurait pu obtenir un consensus national : allègement des contraintes de toutes sortes, notamment allègement des formalités administratives dans tous les domaines ; encadrement des dépenses des collectivités territoriales ; mise en place d’un organisme efficace pour gérer le nucléaire français ; instauration d’un étiquetage satisfaisant des produits vendus en France avec un minimum de traçabilité ; endiguer la voracité des élus et, surtout, de leurs collaborateurs ; etc. Mais non : notre président a préféré imposer à son gouvernement des travaux inutiles et coûteux ; la droite classique va-t-elle, enfin, dénoncer cette gabegie !

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