Pécresse : panique ou prudence ?

Que vont faire les maires lors des prochaines municipales ? Les maires de gauche ou RN n’auront pas d’état d’âme pour afficher leur préférence : malgré son « succès » relatif, la cote de monsieur Macron reste au plus bas, et il est peu probable que cette situation s’améliore. Les écologistes vont-ils faire une percée spectaculaire ? Cela m’étonnerait ; chaque Français a de solides convictions écologiques tant qu’il n’est pas directement concerné ; entre l’écologie théorique et les contraintes locales, les élus de terrain ont vite fait de choisir « le bon sens près de chez eux » : on en reparlera.

Mais que dire des maires issus du parti « Les Républicains » ? Caine ou Titanic ? Madame Pécresse a-t-elle raison de prendre du recul et de se mettre partiellement à l’abri ? Je pense que oui. Plus généralement, y aura-t-il beaucoup de maires se revendiquant, notamment sur leurs affiches, de la droite classique non macroniste ? Je pense que non ; la mise au point de cette liste n’a donc pas une très grande importance et son score aux municipales ne sera pas un signe déterminant pour 2022. Un maire a besoin d’une base électorale large ; donc, en général, il doit être bien perçu par les électeurs centristes.

Certains maires « républicains » iront-ils jusqu’à rejoindre une liste « Macron officielle» ? Selon moi, ils prendraient un grand risque, sauf dans les zones où tout va vraiment très bien ; l’exemple de Gérard Collomb, maire de gauche et adoubé par notre président, mérite d’être médité, y compris à droite ; par contre, une partie des susdits maires afficheront leur « Macron-compatibilité » ; comme le notent de nombreux observateurs, ils leur suffira d’insérer dans leur liste quelques macronistes patentés ; notre président n’a pas suffisamment de candidats sérieux à proposer pour faire la fine bouche ; de plus, l’élan mystificateur de 2017 est définitivement cassé ; l’étiquette Macron ne suffit plus pour faire élire un inconnu inexpérimenté ; ceci dit, je pense que les maires officiellement Macron-compatibles seront minoritaires.

Bref, on peut parier, sans risque, qu’il y aura une majorité écrasante de maires sans étiquette, et c’est très bien ainsi ; il me semble malsain de choisir un élu local en fonction de ses options nationales au détriment de son efficacité sur le terrain ; a fortiori, il est regrettable de devoir voter pour un parachutiste issu de cabinets parisiens ; sauf exception, de tels candidats sont là pour se faire les dents et disposer d’un statut provisoire avant de rejoindre de plus hautes fonctions.

Après avoir écrasé la gauche, le nouvel Emmanuel a dynamité la droite ; au niveau des municipales, c’est probablement une excellente opportunité pour revenir à la politique de proximité. Ensuite, il sera temps de penser aux objectifs nationaux ; je le redis, une fois de plus, l’issue de 2022 dépendra de l’état économique de la France et non des plans établis par les états-majors des partis politiques. En politique, le dégagisme est devenu une vertu cardinale, sauf pour les maires.