Les limites de la méthode Macron

Publié le par Vincent Sévigné

Après avoir surfé sur une vague portante trop facile, notre Président a été brutalement ramené sur terre par les gilets jaunes. « Chassez le naturel, il revient au galop » ; monsieur Macron s’est vite convaincu qu’il pourrait sauter l’obstacle sans encombre, grâce à son verbe et aux techniques habituelles.

 

Il a fait quelques cadeaux – une dizaine de milliards – choisis un peu au hasard ; il a lancé une guérilla provocatrice contre les manifestants pour décourager les plus timides ; il a « laissé » quelques casseurs déclencher suffisamment de dégâts pour déconsidérer les manifestations, initialement pacifiques, des gilets jaunes ; il a animé brillamment le grand débat ; et il a cru que la partie était gagnée.

 

Le saccage de « la plus belle avenue du monde », le samedi 16 mars, n’est que le début du retour du boomerang. Les casseurs ont eu 18 semaines pour s’échauffer, s’organiser et affiner leurs techniques ; le résultat est impressionnant ; le premier ministre nous assure que, samedi prochain, tout rentrera dans l’ordre : rien n’est moins sûr ; on ne joue pas impunément avec le feu et un combat contre un adversaire bien entraîné ne s’improvise pas en une semaine. Même si on n’aime pas madame Le Pen, il faut bien reconnaître qu’elle a raison en affirmant qu’il aurait fallu contrer vigoureusement les casseurs dès le début. De plus, les gilets jaunes ont été exaspérés par des provocations inutiles ; logiquement, certains d’entre eux se sont radicalisés, certes, à tort, mais le rôle de l’État est de faciliter la paix sociale.

 

Et le plus dur est à venir ; la rancœur des gilets jaunes, qu’ils soient radicalisés ou non, est profonde ; le grand débat a suscité des attentes, et pas seulement auprès des gilets jaunes ; or, l’État n’a plus d’argent ; comment Emmanuel Macron va-t-il expliquer aux Français les plus modestes qu’il leur a demandé leur avis alors qu’il savait, à l’avance, qu’il n’avait rien à leur donner. Des concessions limitées, même concernant l’ISF, ne suffiront pas pour calmer le jeu. De plus, cerises sur le gâteau, le prix des carburants continue à augmenter et Emmanuel Macron heurte le bon sens en poursuivant la vente d’ADP.

 

Enfin, selon moi, l’hostilité primaire et anti-démocratique de France 2 à l’égard de Marine Le Pen lors de « l’émission politique » du 14 mars et l’incompétence notoire de Nathalie Loiseau n’incitent pas à observer avec indulgence les difficultés, non contestables, de la tâche de notre Président.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article