Le roi Macron

Publié le par Vincent Sévigné

Oui, la France est devenu un royaume ; malheureusement, monsieur Macron a endossé les défauts des rois de France sans hériter de leurs qualités. Avant la Révolution française, le roi, par nature, n’était, en général, pas contesté ; il ne lui était pas nécessaire de se justifier ; cette caractéristique fondamentale a induit une certaine forme de dédain envers le peuple qui n’était pas en mesure de juger l’action du souverain ; cette arrogance était encore plus prégnante dans l’entourage royal ; on a déjà dit que monsieur Macron et ses collaborateurs ont totalement repris à leur compte cette déconnection de la populace ; quand notre Président participe personnellement à un « grand débat », il s’accorde quelques minutes pour écouter mais l’essentiel vient ensuite : il explique, avec talent et conviction, à son contradicteur ce que ce dernier n’a pas compris ; le roi a raison, par essence.

 

Sauf cas pathologiques exceptionnels, les rois de France ont toujours mis en priorité absolue la défense de la Patrie ; il y avait, de fait, une quasi-identification entre les intérêts de la Couronne et ceux du Royaume. Le contexte n’est plus du tout le même avec la République ; certes, de Gaulle affirmait : « Nous n’avons qu’un seul guide, la France » mais, justement, c’était de Gaulle. Pour Emmanuel Macron, la priorité est de satisfaire les demandes du grand capital ; en plus, il manœuvre pour tenir et, si possible, être réélu et, pour l’instant, il réussit assez bien ; mais quel est le bilan provisoire ?

 

Il a capitulé dans l’affaire de Notre-Dame-des-Landes, pour éviter des heurts avec les zadistes et pour s’attirer les bonnes grâces des bobos-écolos ; cela n’a pas empêché la démission de monsieur Hulot et la pollution s’accroît sur Nantes et près de l’aéroport de Roissy qui est de plus en plus saturé et qui envisage de s’agrandir substantiellement. Il a fait des cadeaux considérables aux très riches en nous promettant qu’ils relanceraient l’emploi ; c’est exactement le contraire qui se produit : selon l’Insee, 106 000 emplois ont été créés en 2018 contre 328 000 en 2017 (journal La Croix du 11 février) ; les économistes sont unanimes, en France, les chiffres sont mauvais. Il nous avait promis un choc de simplification ; rien n’est venu, sauf l’impôt à la source qui ne peut que compliquer terriblement la gestion des PME. Il nous avait promis une France pacifiée ; il est vrai que le contre-exemple des casseurs a été habilement instrumentalisé mais je vous laisse juge de l’état délétère qui s’est imposé dans le royaume ; il n’y a jamais eu autant de blessés graves dans des manifestations ; il est vrai, toutefois, qu’il n’y a pas encore eu de mort dû aux affrontements proprement dits. Il nous avait promis qu’il respecterait les critères demandés par l’Union européenne ; le déficit public va atteindre des records, bien au-dessus des 3 % fatidiques. Il nous avait promis une politique européenne ambitieuse ; il se complaît dans un dénigrement inutile et malsain du peuple italien. Il se propose de vendre les bijoux de famille, notamment les aéroports parisiens, comme si les contre-exemples des autoroutes et de l’aéroport de Toulouse ne suffisaient pas. De Gérard Collomb à Alexandre Benalla, sa garde rapprochée s’effrite. Etc. Et, en prime, il est content de lui ! Il est vrai que les bénéfices des actionnaires ont crevé le plafond ! Le CAC 40 est en hausse, ce qui montre bien que le grand capital sait qu’il peut compter sur notre Président pour conforter ses profits.

 

Reste la grande inconnue : que va faire notre Président en avril, après le « grand débat » ?

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article