Notre Président « bousille »-t-il la France ?

Publié le par Vincent Sévigné

Emmanuel Macron est-il en train de réussir là où Robespierre, Laval et la guerre d’Algérie ont échoué : « bousiller » le cœur de la France ? Rappelons d’abord ses premiers faits d’armes. Il a abandonné l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, essentiellement par lâcheté : les Bretons doivent traverser la Loire ou aller à Roissy s’ils veulent voyager loin ; les Nantais supportent les nuisances des avions de plus en plus nombreux au-dessus de leur ville ; l’aéroport de Nantes n’a aucun avenir ; et la ZAC de NDL n’est même pas complètement dégagée en dépit de concessions maximales ; sans parler du coût financier.

 

La réforme de la SNCF est encore pire : certes, le texte a été voté mais monsieur Macron a tout fait pour exacerber les syndicats qui, désormais, ne peuvent plus reculer en dépit de concessions qui étaient au-delà de l’imaginable à l’origine du conflit ; les Français n’ont plus confiance dans les cheminots et ceux-ci n’ont plus confiance dans l’État français, malgré les dépenses pharaoniques en faveur de la SNCF. Sans parler du coût astronomique de la grève : image déplorable pour les touristes, fatigues insupportables pour les « sans dents », pertes financières.

 

On a déjà dit que l’impôt à la source allait coûter fort cher, provoquer une multitude de bugs et compliquer terriblement la tâche des petits patrons. En fait, le but ultime de cet « aménagement » est de remettre en cause le modèle français basé sur le quotient familial et l’impôt progressif en ce qui concerne les revenus.

 

Les « annexes » ne valent pas mieux : diminution des crédits militaires, cadeaux répétés aux plus riches, invectives déplacées envers Donald Trump, absence de stratégie claire face aux migrants, silence sur les réponses à apporter aux daechistes libérés, etc.

 

Mais le pire est à venir ; Emmanuel Macron veut réformer le statut de la fonction publique, les dépenses dues à la protection sociale et les retraites : trois dossiers explosifs qui sont au cœur du modèle français. Certes, ce sont des domaines où il y aurait beaucoup à réformer ; mais de telles réformes supposent modestie, compétences et, surtout, beaucoup de travail minutieux : exactement ce qui n’intéresse pas vraiment notre Président don Quichotte. On peut donc prévoir, avec un taux de clairvoyance d’au moins quatre sur cinq, que monsieur Macron va aborder ces réformes comme un éléphant dans un magasin de porcelaines et va réussir à monter les Français les uns contre les autres. La façon dont il clame que l’on dépense un « pognon de dingues » en dit long sur sa future stratégie. Il est vrai qu’il y a des dépenses mal utilisées et mal contrôlées mais la vraie question est « comment faire mieux » ; vu sa paresse intellectuelle, inscrite dans ses gènes, je ne vois pas comment notre Jupiter pourrait apporter la moindre amélioration raisonnable et constructive.

 

Y a-t-il des exceptions par rapport à l’analyse qui précède ? Oui, heureusement : certaines décisions prises par Jean-Michel Blanquer sont bonnes ; la loi Pacte, présentée en conseil des ministres et qui sera étudiée dans un ou deux mois, sera peut-être une excellente loi. Mais ces aménagements techniques de simple bon sens ne suffisent pas pour compenser les erreurs catastrophiques de monsieur Macron, erreurs passées ou à venir.

 

Il serait temps que l’opposition affine sa contestation et s’organise pour être crédible : les erreurs susdites lui ont ouvert un boulevard. En clair : ou bien la politique de monsieur Macron est globalement bonne, et il n’y a pas de place pour le parti « les Républicains » ; ou bien elle est globalement mauvaise et l’opposition doit expliquer pourquoi et ce que, elle, elle proposerait.

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