Moyen-Orient : dictatures ou chaos

Publié le par Vincent Sévigné

Dans ce ciel orageux, il ne reste qu'une seule petite lueur d'espoir ; c'est donc celle-ci qu'il faut soutenir en priorité absolue : l'administration Obama s'engage auprès du peuple kurde dans sa lutte contre Daech.

Pour le reste, le seul choix est entre dictature et chaos. Le peuple turc, une corde autour du cou, a « choisi » la dictature. Mais l'opposition était-elle prête à assumer une alternance crédible ?

Avant de continuer, un petit rappel historique car il semble que quelques Français ignorent totalement ce qui s'est passé, en France, entre 1936 et 1945. On a déjà dit que le Front Populaire de 1936 avait délibérément abandonné le pouvoir pour le laisser, de fait, au maréchal Pétain. Et ensuite ? Après la rupture du pacte germano-soviétique, le 22 juin 1941, le peuple français s'est ressoudé dans la résistance passive : accepter un bonbon offert par un boche était une faute. Certes, le Maréchal a trop cédé, notamment en ce qui concerne les Juifs, mais, selon moi, c'était plus la déliquescence sénile d'un faux héros que celle d'un peuple. Par ailleurs, seule une infime minorité a adhéré au rêve hitlérien. Une petite minorité est entrée en résistance active en acceptant le leadership de l'Angleterre puis celui de Staline avec tout ce que cela implique.

Et les Syriens aujourd'hui ? En simplifiant, ils ont quatre options. Vivre sous la férule de Bachar al-Assad en se résignant à la résistance passive, comme la France du Maréchal ou l'URSS sous Staline. Entrer en résistance active en acceptant le leadership du seul combattant aujourd'hui crédible, le peuple kurde. Fuir dans les pays voisins, pays qu'il faut aider financièrement à assumer cette charge colossale, quel que soit le régime en place. Ou, enfin, si on a assez d'argent et d'instruction pour ce faire, choisir d'abandonner, définitivement ? , sa Patrie et son peuple pour venir couler des jours meilleurs en Allemagne.

Et en France, que faut-il faire ? Une priorité est de cesser de raconter des balivernes. Les « réfugiés » syriens ne sont ni plus ni moins à plaindre que tous les opprimés à travers le monde. On a déjà dit qu'Angela Merkel a commis sa première lourde erreur politique en ouvrant trop grand les portes de l'accueil : cet appel d'air, transitant par les tuyaux des téléphones portables, a accentué l'exode massif des « réfugiés » de tous bords, au grand bénéfice des « passeurs d'espérance ». Angela demande à l'Europe de l'aider : c'est l'Allemagne la responsable, c'est à elle d'assumer. Elle en a les moyens financiers et humains. De plus, elle peut espérer, à long terme, un bénéfice démographique, économique et moral, ce qui n'est pas le cas de la France. Celle-ci a bien assez à faire avec les « réfugiés » venus de l'Afrique francophone et de leurs descendants. C'est pour eux qu'il faut mettre en place une politique globale d'accueil ou d'intégration efficace.

Dans ce contexte mondial tourmenté, l'avenir personnel de Bachar al-Assad n'a pas une grande importance. Et Fabius ? Qu'il oublie provisoirement Bachar et, s'il est en manque d'initiatives morales, qu'il réserve son énergie pour l'animation de la COP21 et, accessoirement, qu'il remette un peu d'ordre dans sa propre maison.

Enfin, il y aura peut-être, demain, une autre lueur d'espoir : que Daech commette, en Turquie, la même erreur qu'en Algérie. Pour affirmer sa puissance, si Daech organise des attentats sur le sol turc, Erdogan sera bien obligé de restreindre son soutien affirmé et efficace envers Daech, son allié contre le peuple kurde.

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