La fiscabsurdité

Publié le par Vincent Sévigné

Les médias et autres réseaux sociaux sont unanimes : les récents couacs financiers du gouvernement ont franchi ce que le Canard appelle « le mur du çon ».

Il faut tout de même reconnaître que notre président a une excuse de « taille » : son agenda de campagne est surbooké. Même sur le Mont, il n'a pas eu le temps de revoir la Merveille, ce chef-d'oeuvre absolu de l'art gothique. Probablement pour l'aider à digérer l'omelette de la mère Poulard, il a dû se faire offrir un café chez Lucette, café préparé par la mairie du coin – une délicate attention : il ne faut pas surcharger de travail les « petites gens ».

A l'étranger, son activité devient aussi fébrile que celle de Sarkozy. Au Parlement européen, il se précipite pour voler au secours d'Angela Merkel lors de sa première erreur politique majeure : l'ouverture béate de l'Europe aux réfugiés syriens. En Chine, il « négocie » la participation à Areva au prix de quinze milliards d'euros (sinon moins), montant dont une bonne partie servira à construire des installations situées … en Chine. Avec les turbines et les Airbus, ce sont les fleurons de la technologie française qui sont ainsi exposés aux regards indiscrets. En France aussi, entre aéroport et Club Med, on se prépare à accueillir ces autres « migrants ». Et tout cela en augmentant le poids de la dette. Mais, rassurez-vous, quand on aura tout vendu , à la Chine ou aux autres, nous pourrons bénéficier des mêmes aides que la Grèce.

Au-delà de ces « anecdotes », que faut-il penser sur le fond ? L'administration des finances française est, sans plaisanter, l'une des meilleures au monde. Jusqu'à ces derniers jours, elle a minutieusement appliqué les directives des politiques ; mais ceux-ci ne savaient plus très bien ce qu'ils avaient voté.

Or, il serait facile de mettre au point un système d'imposition simple, clair, transparent, valable pour tous les gouvernements. Chacun de ceux-ci pourrait modifier les taux en fonction de sa propre sensibilité, de gauche, de droite ou du centre.

Il y a un impôt payé par tous et sans niche fiscale : la TVA ; inutile d'en ajouter un autre. Par contre, il serait souhaitable d'unifier son taux. La taxe « sur le revenu » (taxe sur les bénéfices) des entreprises françaises devrait différencier les bénéfices reversés aux actionnaires de ceux réinvestis mais, à cette réserve près, inutile d'ajouter d'autres taxes sauf dans quelques secteurs très spécifiques. La Contribution Economique Territoriale (CFE et CVAE), totalement arbitraire, devrait être supprimée. La taxe d'habitation et la taxe foncière mériteraient un peu de toilettage. Il serait bon que la taxe sur les carburants soit payée par tous les véhicules utilisant les infrastructures françaises. Tout cela est très simple à mettre en cohérence.

Selon moi, il faudrait aussi ajouter trois nouvelles taxes spécifiques. Une taxe sur la publicité : la publicité est indispensable mais son excès pénalise l'environnement et le consommateur. Une taxe « pédagogique » sur les salaires des apparatchiks, recrutés par l'état ou les collectivités territoriales, qui sont les seuls à croire encore à l'utilité de leur inflation. Cette taxe devrait être proportionnelle au déficit de l'état ou de la collectivité concernée.

Enfin, et surtout, une taxe sur les multinationales, y compris celles dont le siège social est en France. Cette taxe, au taux modulable, serait proportionnelle au bénéfice mondial (de la multinationale concernée), au chiffre d'affaires en France et, évidemment, inversement proportionnelle au chiffre d'affaires mondial. Ce dispositif est un peu compliqué pour un ancien élève de l'ENA – les mathématiques y sont proscrites – mais la « règle de trois » - aujourd'hui on parle plutôt de proportions – faisait partie, autrefois, du programme du certificat d'études.

Bref, avec une douzaine de taxes et d'impôts on devrait arriver à « satisfaire » tout le monde. Pourquoi va-t-on exactement à l'opposé de cette simplification ? Mon explication va vous sembler surprenante et pourtant, je crois que c'est la bonne. Depuis Colbert, nos référents politiques sont persuadés que les Français sont des imbéciles. Nos élus, de droite comme de gauche, ont donc échafaudé une « usine à gaz » d'une complexité inextricable où personne ne comprend plus rien, sauf Bercy, et encore. Quand on manque d'argent, on allège un impôt – dégrèvement pour lequel on fait une publicité tapageuse – et on introduit, « en douce » , une ou plusieurs taxes rémunératrices. Mais les Français sont loin d'être stupides, surtout quand il s'agit de payer des impôts

Une dernière remarque : pour faire des économies, intention louable, le gouvernement a diminué les dotations envers les collectivités territoriales. Mais, celles-ci, au lieu d'assainir leurs frais de gestion et d'apparatchiks, ont rogné sur les investissements utiles.

Récemment, une chaîne de télévision est venu au secours de Sarkozy qui avait oublié quelles étaient ses promesses non tenues. De même, dans ce qui précède, dites-moi où sont mes erreurs. En votre âme et conscience et sans ironie.

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