Ciase

Publié le par Vincent Sévigné

J’ai écouté et regardé, ce matin, sur France 2, de 10h30 à 11h, un film sur le travail de la Ciase, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’église : exceptionnel, à voir et à méditer, absolument.

Ces abus sont un « signe du figuier » (évangile du jour), un signe que le dominicain de service, plutôt hors-sol, n’a pas su adapter à la situation actuelle ; un signe de dérapages profonds. 3 % , ou un peu plus, des prêtres furent des pédophiles pratiquants ; l’institution église ne les a pas décelés et encore moins protégés contre leurs dérives mortifères ; elle les a privés de compagnes féminines ; elle en a fait des « demi-dieux » (dixit Sauvé) ; elle leur a donné le pouvoir de pardonner les péchés et de faire venir Dieu lui-même dans un peu de pain et de vin ; elle a cru, et croit encore, que la prière permet de s’affranchir des lois naturelles que le Créateur lui-même a mises en place : un pédophile non soutenu et en contact avec des enfants passe à l’acte et récidive ; c’est comme ça et la prière ou les mortifications n’y changent rien.

Les évêques de France ont fait un premier pas ; mais, comme le note Christine Pedotti, le cœur du combat est à Rome ; c’est au pape d’amorcer son chemin de Damas ; on en est très loin. Devant la place Saint Pierre, donc presque ex-cathedra, il a comparé un avortement à l’appel à un tueur à gages, sans tenir compte du contexte : il ne s’est jamais excusé, bien au contraire. Il amorce de timides réformes superficielles et avoue « sa honte », mais ce n’est pas de cela que l’on a besoin ; c’est reconnaître, comme l’ont fait les évêques de France, qu’il y a des problèmes structurels dans le fonctionnement de son église. Il continue à « pontifier » en donnant des « conseils » à tous les dirigeants de la planète. Il est persuadé que les exercices de Saint Ignace, excellents quant au fond, le mettent à l’abri des erreurs de jugement. Péché individuel, mais aussi péché collectif : des décideurs qui fonctionnent en vase clos depuis des siècles. Une priorité absolue est d’arrêter de l’encenser.

La commission Sauvé (la Ciase) peut-elle « sauver » l’institution église catholique ? Probablement pas. Mais, en s’appuyant sur une écoute attentive et débordante d’empathie envers les abusés, elle a fait beaucoup plus ; elle a apporté au monde entier un éclairage déterminant sur certains traumatismes : selon moi, cette révélation est aussi importante que ne le furent les intuitions de Freud.

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