L’affaire Mila : un révélateur

Publié le par Vincent Sévigné

Nul n’ignore le cœur de l’affaire ; à 16 ans, Mila a tweeté, entre autres, que « l’islam c’est de la merde » ; sur le fond, cette affirmation est injuste, historiquement fausse et génératrice de haine mais, à ce jour, elle n’est pas pénalement condamnable ; sur la forme, ce n’est que la réaction exagérée d’une adolescente, probablement mal dans sa peau et se sentant peu reconnue.

Ce premier dérapage, car c’en est un, a suscité l’indignation, probablement facile et surfaite, d’une partie de la communauté musulmane ; certains ont été trop loin en proférant des menaces de mort explicites sur la toile ; d’autres ont donné des informations personnelles sur son lieu de résidence ; contrairement aux déclarations de Mila, ces attaques contre une personne sont passibles de sanctions pénales relativement lourdes ; d’ailleurs, ces atteintes à la personne ont suscité une vague de harcèlements stupéfiante : Mila, aujourd’hui, est obligée de se cacher sous la protection de la police ; même l’armée n’a pas souhaité la défendre.

Que doit faire la justice ? Selon moi, condamner sévèrement les auteurs de tweets dénonciateurs, a fortiori quand il y a eu menaces de mort explicites. Je vais même plus loin ; un avocat parle au nom de celui qu’il est censé défendre ; s’il va trop loin dans son expression, le prévenu doit se désolidariser de son avocat, sinon il en est complice ; la peine prononcée peut donc tenir compte de cette circonstance aggravante qui peut être considérée comme une forme de récidive. Ensuite, mais ensuite seulement, il faut laisser au juge d’application des peines le soin d’appliquer la sentence initiale avec bon sens et humanité.

Cette confrontation entre adolescents est un révélateur de la situation psychologique qui règne actuellement en France, notamment dans les médias et les partis politiques ; dans ces milieux, personne, ou presque, ne recherche le dialogue franc mais honnête, voire objectif ; au contraire, il faut asséner ses convictions avec le maximum de violence pour être pris en compte ; l’honnêteté intellectuelle la plus élémentaire a totalement disparu chez nombre de responsables et de commentateurs.

Dans mon précédent billet j’évoquais Philippe de Villiers pour lequel j’ai une très grande estime ; pour autant, je me désolidarise totalement de ses attaques contre l’Islam : « si le sel s’affadit, avec quoi le salera-t-on ? ». Or selon moi, monsieur de Villiers fait encore partie de qu’il y a de moins malsain dans l’univers politico-médiatique : le covid, les GAFAM, les réformes, le RN, l’esclavage, le colonialisme, la guerre d’Algérie, tout est prétexte à contre-vérités ou mensonges, le plus souvent par omission.

Je ne suis pas Charlie, je ne suis pas Samuel Paty, je ne suis pas Mila ; je crois profondément que ceux-ci sont des semeurs de haine ; pour autant, je suis viscéralement hostile au fait de porter atteinte à leurs personnes ; regardez ce qui se passe sur la terre d’Israël : c’est ce qui nous attend en France si les médias, au prétexte d’audience, continuent à ouvrir leurs antennes aux menteurs et aux salopards et non aux chercheurs de vérité, même quand celle-ci dérange.

 

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