Gestapo et armée allemandes

Publié le par Vincent Sévigné

Les films et les récits concernant l’occupation de la France en 39-45 sont plus qu’abondants ; la torture était alors un outil de répression sciemment organisée par l’Allemagne nazie. Or, me semble-t-il, tous les témoignages concordent pour affirmer que cette utilisations systématique de la torture était le fait de la gestapo et non de l’armée en tant que telle ; et, me semble-t-il encore, l’armée allemande tient beaucoup à ce que cette distinction reste claire. Certes, les plus hauts responsables de la gestapo étaient des officiers allemands, mais ils ne dépendaient pas du gouvernement militaire ; la gestapo était directement sous les ordres de Hitler.

Durant la « guerre d’Algérie », la situation était analogue. Les DOP (Dispositifs Opérationnels de Protection : la gestapo française) ont été mis en place en 1956 et opérationnels début 1957. François Mitterrand a été ministre de la justice du 2 février 1956 au 13 juin 1957, sur tout le territoire français. De plus, auparavant, François Mitterrand avait été ministre de l’intérieur à partir de novembre 1954.

Pour l’essentiel, la torture systématique et planifiée était dévolue aux DOP et aux services secrets. Je rappelle aussi que la « guerre d’Algérie » n’était pas officiellement une guerre mais une entreprise de pacification ; le pouvoir ultime ne revenait pas à l’état-major mais au gouvernement ; les DOP et les services secrets, et notamment Aussaresses, ont été mis en place par le pouvoir socialiste et en dépendaient directement.

Attribuer l’assassinat d’Ali Boumendjel à l’armée française me semble donc une grave erreur ; certes, pour ceux qui n’ont pas connu cette période, la distinction entre armée et gouvernement socialiste peut sembler subtile ; mais, pour ceux – dont je suis - qui ont vécu, au jour le jour, ce temps où il fallait, à chaque instant, choisir, ce n’est pas du tout un « détail de l’histoire » ; sur le terrain, la distinction entre l’armée et les DOP était parfaitement claire ; les officiers qui torturaient eux-mêmes étaient tous volontaires et, le plus souvent, méprisés par leurs pairs : Aussaresses l’a dit lui-même. J’espère que je ne serai pas le seul à rappeler cette distinction.

Pour moi, cette erreur de notre Président est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ; on ne peut pas faire confiance à cet homme. Son entourage est à ses pieds ; il décide seul et il croit qu’il a raison. S’il est réélu en 2022, cette confiance aveugle dans la pertinence de son jugement va devenir terrifiante. Pour moi, la conclusion est claire : si Emmanuel Macron arrive au second tour de l’élection présidentielle, quel que soit son adversaire, c’est sur cet adversaire que je reporterai ma voix.

Selon moi, jusqu’ici, notre Président n’a fait que des erreurs – je l’ai souvent expliqué - et, ce qui est encore plus grave, il est persuadé du contraire.

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