Erdogan a raison

Publié le par Vincent Sévigné

Erdogan a violemment critiqué le discours d’Emmanuel Macron dans la cour de la Sorbonne ; même si on doit contester la forme, sur le fond, c’est Erdogan qui a raison.

Je le dis et je le répète, utiliser les caricatures publiées dans Charlie Hebdo comme support pédagogique en classe de 4ième est une terrible faute ; aucun musulman raisonnable ne peut cautionner ce dérapage.

On nous dit que Samuel Paty était un enseignant remarquable ; c’est peut-être vrai globalement, mais cela ne change rien au fait qu’il a commis une grave erreur d’appréciation. Évidemment, le soutien inconditionnel du Président de la République à l’utilisation de telles caricatures est encore bien plus désastreux.

J’ai fait le parallèle avec le début de la guerre d’Algérie ; certaines exactions du FLN étaient intrinsèquement indéfendables, y compris pour des musulmans, notamment l’assassinat d’enseignants dont certains étaient probablement partisans d’une forme d’indépendance ; de même, la décapitation de Samuel Paty est condamnée par la majorité des musulmans français. Ce n’était pas une raison pour refuser des exigences raisonnables ; ce n’est pas une raison pour demander aux musulmans de cautionner le comportement de Samuel Paty.

Or, ce qui m’atterre et qui m’incite à enfoncer le clou, c’est la caution presque unanime de la classe politique et de l’univers médiatique au discours précité.

En général, le journal Ouest-France est en cohérence avec la France profonde : mesuré, consensuel ; or, dans l’éditorial de celui de ce week-end, 24 et 25 octobre, Philippe Boissonnat applique au contexte actuel cette affirmation de Philippe Meirieu : « il faut dire clairement aux familles qu’elles n’ont pas de pouvoir sur les contenus et les méthodes d’enseignement ». Vous avez bien lu ; si un enseignant dérape, les familles doivent se taire ! Scandaleux, inacceptable. L’affaire Samuel Paty a complètement déstabilisé l’intelligentsia française ; cela prouve que celle-ci n’est pas solidement ancrée sur des principes simples.

En 4ième, un enfant peut être encore très fragile ; des images violentes - et certaines caricatures le sont, et pas seulement pour des musulmans – peuvent profondément bouleverser un tel cerveau en formation ; et les parents n’auraient pas le droit de tirer la sonnette d’alarme !

Alors, je suis d’accord avec tout ce que dit et tout ce que fait Erdogan ? Non, bien au contraire ; mais, justement, c’est une raison de plus pour ne pas lui offrir, sur un plateau, une victoire morale ; victoire peu contestable, en France, et encore plus dans le monde. On a commis des erreurs analogues au début de la guerre d’Algérie ; et le monde entier a condamné la France, à juste titre.

De la même façon, la mouvance islamique radicale a bien compris le bénéfice qu’elle pouvait tirer de la faute précitée de Samuel Paty ; le discours d’Emmanuel Macron dans la cour de la Sorbonne offre des munitions à la susdite mouvance.

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