La bombe Buzyn

Publié le par Vincent Sévigné

Les déclarations d’Agnès Buzyn dans le journal « Le Monde » sont évidemment d’une exceptionnelle gravité ; le Premier Ministre a essayé, sur France 2 le 17 mars, d’éteindre l’incendie ; ses arguments ne tiennent pas ; d’une part, il prétend s’appuyer sur l’avis de scientifiques ; les affirmations d’Agnès Buzyn contredisent l’unanimité des susdits spécialistes ; tous les épidémiologistes savent que les lois d’évolution d’une pandémie sont universelles ; l’exécutif s’est donc informé auprès de baratineurs incompétents : cela existe, même dans le monde de la science ; de toute façon, en cas d’avis divergents, le principe de précaution aurait dû s’appliquer. Retarder des élections de quelques mois ne remet pas en cause le fonctionnement démocratique.

 

Édouard Philippe essaie aussi de partager le chapeau avec les « chefs » de la droite ; cet argument ne vaut pas ; d’une part, lesdits ténors ne pouvaient pas avoir toutes les informations dont dispose le sommet de l’État ; de plus, et surtout, ce sont les décideurs qui sont les responsables.

 

Je me permets d’attirer l’attention des journalistes sur leur légitimité dans la situation actuelle où, naturellement, l’opinion est d’une sensibilité à fleur de peau ; il est des impairs que l’on tolère en temps de paix, mais que l’on ne pardonne pas en temps de guerre ; dans l’émission C dans l’air du 17 mars, pour soutenir l’exécutif, Yves Thréard a minimisé les aveux précités de madame Buzyn, en notant implicitement qu’elle crachait dans la soupe, même s’il ne l’a pas dit comme cela ; ensuite, il enfoncé le clou en amplifiant la responsabilité de la droite précitée ; il n’en faut pas plus pour lui retirer, pour longtemps, toute crédibilité. Les commentaires de Michèle Cotta ne sont pas plus acceptables mais ils n’étonnent personne.

 

Je ne peux pas croire que les déclarations de madame Buzyn soient dictées par la rancœur ou la déception ; je crois, au contraire, qu’elles sont profondément sincères et doivent être entendues ; certes, madame Buzyn a pété les plombs, mais c’est tant mieux ; elle est devenue, de fait, une lanceuse d’alerte courageuse et, selon moi, aussi importante que le Chinois Li Wenliang ; ses « révélations » en disent long sur le fonctionnement totalitaire du sérail présidentiel ; je rappelle aussi que madame Buzyn a toujours été présentée comme une femme travailleuse, compétente et « anormalement » honnête, voire naïve.

 

En ce qui me concerne, je ne suis pas très surpris ; j’ai toujours été convaincu de l’incompétence de notre président ; je redis toutefois que ses dernières décisions sont bonnes ; il faut donc faire nôtre la nouvelle stratégie présidentielle, même si l’exécutif sera responsable de quelques milliers de morts inutiles.

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