Édouard Philippe et le covid-19

Publié le par Vincent Sévigné

 

Les thuriféraires patentés ont encensé le discours de notre premier ministre ; je ne partage absolument pas cette « admiration ». Sur la forme, la présentation s’est voulue plus concrète et moins sirupeuse que celle de notre président. Sur le fond, une « revue de presse » sur un sujet que nul n’ignore ; presque rien de vraiment nouveau.

 

Monsieur Édouard Philippe refuse de reconnaître que l’exécutif a réagi beaucoup trop tardivement ; c’est pourtant une évidence ; proclamer qu’il n’est pas le seul, ce qui est vrai, me semblerait un système de défense peu crédible. Dès le 25 janvier j’avais noté la gravité de ce qui se passait en Chine alors que, évidemment, je dispose de bien moins d’informations qu’un chef de gouvernement ; le minimum du minimum aurait été, alors, de voir si la France était prête à affronter une épidémie. Madame Buzin elle-même a avoué qu’elle avait mis en garde l’exécutif dès le 30 janvier ; certes, elle ne l’a peut-être pas fait avec suffisamment de conviction mais c’était au Président et au Premier Ministre de s’informer ; les rapports sur la conduite à tenir en cas de pandémie étaient nombreux et parfaitement documentés.

 

Au lieu de cela, l’exécutif a joué la montre ; le maintien du premier tour des élections a évidemment joué un rôle démobilisateur catastrophique ; les supporteurs de la Juventus à Lyon, les innombrables réunions maintenues, y compris cette assemblée charismatique où tout a été partagé, même le coronavirus.

 

L’exécutif demande aux entreprises de ne pas verser de dividendes cette année : là encore, c’est le minimum du minimum ! Par contre, on ne demande même pas à Amazon, et aux autres, de participer à l’effort de tous : c’est un scandale absolu. J’ai déjà aussi dit que c’était une grave erreur d’autoriser les entreprises à imposer de prendre ses RTT en période de confinement ; c’est priver les employés d’un repos et d’une vraie détente dont ils auront bien besoin.

 

Enfin, sinon surtout, pas un mot sur ce qui se passe dans les banlieues ; la police y est absolument incapable d’assurer le confinement ; la conséquence inéluctable se paie cash ; non seulement les hôpitaux associés sont déjà saturés, mais les dealers, dont beaucoup sont contaminés, répandent abondamment un virus aussi dangereux que la drogue ; pour eux, la vie des autres n’a pas beaucoup de valeur ; ce sont les soignants, puis les bons Français, respectueux des indications gouvernementales, qui vont payer l’addition.

 

Oui, il faut tout de même respecter le confinement, même s’il est fort mal organisé ; oui, il faut être solidaire de tous et notamment du personnel de santé ; mais, « en même temps », on a le droit, et donc le devoir, de dénoncer les invraisemblables tergiversations de notre gouvernement ; pourquoi ? Parce que les erreurs d’hier sont les signes annonciateurs des erreurs de demain ; mieux vaut être prévenu que de gober béatement la com’ gouvernementale.

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