En Espagne, Franco est de retour

Publié le par Vincent Sévigné

Les condamnations des indépendantistes espagnols par la « justice » sont à la fois délirantes et significatives. Délirantes car les condamnés sont des élus, cautionnés démocratiquement par le peuple ; délirantes car ces responsables n’ont pas troublé l’ordre public ; au contraire, ils ont permis à une grande partie des Catalans de hurler pacifiquement leurs convictions ce qui, intrinsèquement, est toujours une bonne chose.

 

Significatives car elles illustrent terriblement que les vieux démons ne sont pas morts. Les Espagnols sont fiers et indépendants : Napoléon a pu s’en rendre compte ; ils ont le sang chaud, ce qui fait partie de leur charme ; mais cette susceptibilité agressive peut aller trop loin ; il y a autant de Franco de gauche que de droite ; or, les plaies du franquisme ne sont pas encore cicatrisées.

 

Dans un tel contexte, le rôle du gouvernement espagnol doit être de rassembler et d’apaiser ; selon moi, il fait exactement le contraire : bref, il fait du Franco, alors même que la situation globale ne le justifie pas. Même s’il gagne à court terme, cette attitude ne peut qu’exaspérer une partie du peuple catalan et aggraver les fractures.

 

Toutes les démocraties occidentales sont soumises à des déplacements des plaques tectoniques ; c’est une remise en cause fondamentale de leurs valeurs. Ce n’est vraiment pas le moment d’y ajouter des réactions éruptives inutiles et dangereuses ; qui plus est, en Espagne comme ailleurs dans le monde supposé libre, les gouvernements sont souvent dominés par des politiciens qui font passer leurs intérêts électoraux personnels avant ceux du peuple.

 

Fragiliser l’Espagne en profondeur ne peut pas être une bonne chose pour l’Europe.

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