Le rôle de madame Le Pen

Sauf imprévu, toujours possible, notre président sera réélu en 2022 ; dans un tel contexte, quel peut être le rôle de madame Le Pen ? Selon moi, il peut devenir un aiguillon crucial pour l’avenir de la France.

Une remarque préliminaire : ne pas souhaiter la présence de Marine Le Pen lors d’une cérémonie intime est tout à fait acceptable ; par contre, lorsqu’il s’agit d’une cérémonie officielle, fût-elle un hommage à un disparu, ce mépris pour plus d’un cinquième des électeurs français est absolument intolérable ; et cela en dit long sur la supposée empathie de la famille du « grand Jacques ».

La droite classique tétanisée ne prenant pas ses responsabilités d’opposant naturel, c’est à madame Le Pen de dénoncer les erreurs du pouvoir. La plus visible est, selon moi, d’abuser de la com non suivie d’effets ; le peuple ne croit plus à ce que nous disent, ou nous promettent, les responsables politiques ; cet état de fait est malsain pour l’avenir de la démocratie ; aujourd’hui, ce sont les habitants de la région rouennaise qui, à juste titre, sont les plus touchés par ce cancer. Dans le même registre, les taxes ridicules sur les GAFA et supprimer le droit à une secrétaire pour les anciens premiers ministres sont des gouttes d’eau bien en dessous du minimum exigible : ce n’est que de la com.

Monsieur Macron fait semblant de s’intéresser aux problèmes liés à l’immigration, mais se répartir les migrants entre les pays européens ne peut que favoriser l’invasion et sera exploité par les « passeurs » ; de même, ouvrir un débat sur l’aide médicale de l’État pour les étrangers en situation irrégulière (AME) ne dupe personne : dans ce domaine, comme dans les autres, notre président ne fera rien qui puisse froisser l’opinion d’une partie du peuple. Il est facile, pour madame Le Pen, de dénoncer cette hypocrisie et de rappeler que c’est bien le Front National qui a été le premier à souligner les risques de l’immigration incontrôlée. De même, il lui est facile de dénoncer les accords commerciaux internationaux qui vont à l’encontre de la santé des Français et de la vitalité des PME. Mais elle a raison de ne pas en rester là.

Avant les municipales, mettre l’accent sur l’importance de la vie locale est une bonne stratégie, mais il n’y a pas que cela. Madame Le Pen hésite à se positionner sur la PMA : plutôt que de suivre Bellamy, toujours aussi naïf, je me permets de lui suggérer de faire le forcing sur l’abandon total de l’anonymat du « don » de sperme, quelles que soient les circonstances de ce « don ».

Au début, j’ai dit du bien de Jean-Michel Blanquer ; par contre, la réforme mise en place au début de la présente année scolaire est une catastrophe ; même si certaines idées sont intéressantes, la technique proposée est ingérable ; elle conduit à des casse-têtes dignes de Clochemerle et à des emplois du temps aberrants ; il serait bon que des collaborateurs de Marine Le Pen se saisissent de ce dossier, au risque de se retrouver en accord avec une partie de la gauche syndicaliste.

Enfin, il y a toutes les réformes qu’il faudrait faire et dont on a souvent parlé ; les réformes de bon sens que, depuis l’ère Chirac, sinon avant, on promet mais que l’on ne fait pas.