L’affaire Carlos Ghosn

Publié le par Vincent Sévigné

L’orgueil nippon s’affiche à la face du monde ; rappelons d’abord que, contrairement à l’Allemagne nazie, le Japon n’a pas perdu la guerre de 41-45 : il a été vaincu par les bombes atomiques, ce qui est psychologiquement totalement différent ; même dans les réunions de mathématiciens, l’ordre nippon surprend ; l’agenouillement obséquieux devant le supérieur n’est pas un mythe ; le mépris de ce qui n’est pas japonais est tout aussi prégnant ; j’avoue que l’attitude de Hiroto Saikawa , dirigeant de Nissan, assurant que la remontée de Nissan était due aux japonais, et à eux seuls, m’a rappelé des souvenirs irritants.

 

J’ignorais totalement le fonctionnement de la justice nippone ; cela incite à éviter un tel pays ; certes, c’est efficace : un taux de criminalité très bas – trois crimes par million d’habitants et le reste à l’avenant - sans torture ni peine de mort ; mais à quel prix ! Objectivement, le traitement infligé à monsieur Carlos Ghosn me semble immoral ; en fait, la principale faute de monsieur Ghosn est d’avoir sauvé une industrie japonaise sans être lui-même japonais ; dans la quasi-totalité des autres pays, un tel service aurait assuré un minimum de reconnaissance, mais pas au Japon : une situation à méditer ; et pourtant, l’explosion de la Chine devrait inciter les Japonais à un peu plus de bon sens ; il est évident que l’arrestation de monsieur Ghosn n’a pu se faire qu’avec la « complicité » de toute une partie des hauts responsables japonais ; de même, il est impensable que les « abus » de monsieur Ghosn n’aient pas été couverts par des hauts responsables de Nissan, et de quelques autres.

 

Ceci dit, est-ce que je vais verser une larme sur le sort de monsieur Ghosn ? Je dois avouer que non. Monsieur Ghosn, enivré par ses succès, a perdu la tête : cela est arrivé à beaucoup d’autres et ce n’est pas ce que je lui reproche le plus, même si c’est à ce titre qu’il sera condamné.

 

Selon moi, ce qui est le plus grave, c’est la « politique » menée par monsieur Ghosn. Il faut d’abord avoir l’honnêteté intellectuelle de reconnaître que cette « politique » ne fait pas partie de la tradition japonaise. Les débordements « providentiels » de Carlos Ghosn constituent le sommet de l’iceberg qui commence à sortir du brouillard ; ils mettent en lumière les risques terrifiants si on laisse trop de pouvoir et trop d’argent aux plus riches. Je l’ai déjà dit souvent, sauf exception remarquable, plus on est riche, plus on est avare. C’est vrai pour les grands patrons mais c’est encore plus vrai pour leur entourage attiré par l’argent facile. Et cela ne vaut pas mieux pour les actionnaires : leur seule « religion » est de maximiser les profits, même s’il faut, pour cela, exploiter les plus faibles et mettre des personnels au chômage alors que leur entreprise est rentable. La théorie du « ruissellement » invoquée par monsieur Macron est une sinistre fable. La survie de la planète exige, entre autres, de diminuer les pouvoirs du grand capital. Peut-on espérer que quelques députés « en marche » commencent à apercevoir l’iceberg ?

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T
Je trouve votre blog intéressant.<br /> Je vous invite à découvrir le mien.
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V
Réponse pour Tim; Merci; mais quel est votre blog ?