Macron est-il sourd ou cynique ?

Publié le par Vincent Sévigné

Le discours de monsieur Macron, ce mardi matin 27 octobre, est un modèle du genre ; il nous explique qu’il est au courant de l’actualité : il a probablement lu les journaux ou regardé la télévision ; il déborde d’empathie pour les gilets jaunes et les territoires qui se sentent délaissés ; mais il maintient le cap : c’est d’ailleurs, avec le nucléaire, sa seule information intéressante.

 

Son argument massue est incontournable : demain on rase gratis ; on se donne trois mois pour revoir totalement notre méthode de gouverner ; oui, oui, ne souriez pas : nous allons être associés à cette révolution ; nous allons pouvoir, ou devoir, participer à l’élaboration d’un projet commun ; toutes les bonnes volontés seront les bienvenues ; ceci, à l’intérieur d’un cadre fixé par notre bien-aimé Président.

 

On pourra même envisager, dans trois mois, d’adapter les taxes sur les carburants au prix du brent : les âmes chagrines pourraient se demander pourquoi on ne le fait pas immédiatement, puisque ceci est une pierre d’achoppement dans la contestation actuelle. Dans son monologue « pédagogique », notre Président a oublié de nous expliquer pourquoi les taxes sur les carburants étaient écologiques, alors que les naïfs, dont je suis, sont persuadés que ce sont, d’abord et avant tout, des pompes à fric.

 

Le nucléaire sera réétudié en 2021. La suppression des chaudières au fuel ne sera pas imposée dans dix ans ; elle sera le résultat d’une convergence exaltante des mécanismes de la transition écologique. Tout est prévu ; éole nous fournira gracieusement son énergie : à ma connaissance, les parcs éoliens, actuels ou futurs, y compris en mer, constituent une catastrophe financière et écologique, au seul profit de quelques propriétaires terriens et de groupes financiers étrangers. Je veux bien croire que la géothermie soit une source d’espoir : mais je n’ai pas eu connaissance des avancées dans ce domaine dues à notre Président ; il est tout de même au pouvoir depuis dix-huit mois.

 

Mais notre Président vole encore plus haut : grâce aux investissements qu’il va mettre en œuvre (quand et comment ?), le stockage de l’énergie sera bientôt un problème résolu : je croyais, bêtement, que, surtout dans le domaine de la recherche, il était imprudent de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Monsieur Emmanuel Macron nous promet une simplification administrative : super ! Mais l’impôt à la source, qu’il n’était pas obligé de reprendre à son compte, va être un casse-tête terrifiant pour les petits patrons.

 

Certes, on peut avoir une autre lecture de ce discours ; monsieur Emmanuel Macron a bien compris qu’il avait définitivement perdu la confiance de la majorité des Français ; son seul espoir est d’avoir, contre lui, Marine Le Pen au deuxième tour de la présidentielle ; une priorité est donc de manifester suffisamment d’empathie dans ses discours pour garder une base électorale non négligeable ; je ne suis pas sûr que cette stratégie limitée à la com soit la meilleure pour la cohésion nationale ; il me semblerait souhaitable que les députés « en marche » commencent à ouvrir les yeux : ce ne sont tout de même pas tous des arrivistes déjà pourris.

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