L’église catholique et la pédophilie

Publié le par Vincent Sévigné

Pour les chrétiens – presque un tiers de la population mondiale – ce qui s’est passé vendredi dernier à Rome est un coup de tonnerre attendu mais aux effets futurs imprévisibles.

 

Rappelons d’abord que la pédophilie va absolument à l’encontre de la doctrine chrétienne basée sur le respect de l’autre et le soutien des plus faibles, et donc des enfants. Sur ce point précis, le Christ lui-même, en général assez compréhensif vis-à-vis des « publicains » et des prostituées, est d’une sévérité exceptionnelle : « si quelqu’un fait tomber dans le péché un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspende à son cou une meule de moulin et qu’on le jette au fond de la mer. »

 

Rappelons aussi les faits pour le non-initié ; la pratique de la pédophilie est universelle ; l’église catholique n’a pas su se mettre à l’abri de cette dérive alarmante : les scandales éclatent sur tous les continents, y compris dans des pays riches comme l’Australie ou les États-Unis.

 

L’épisode le plus récent concerne le Chili ; suite à de nombreuses accusations, le pape lui-même a été au Chili, s’est engagé et a « couvert » de hauts responsables religieux. Or, « Dieu merci ! », les soutiens des victimes ne se sont pas découragés ; le pape a fini par les entendre ; il a envoyé, au Chili, un émissaire spécial, Mgr Scicluna, pour y voir clair ; le résultat fut sans ambiguïté ; devant la gravité du rapport de cet émissaire, le pape a convoqué les 32 évêques chiliens à Rome ; après trois jours de « prières et de réflexion », dont on peut imaginer qu’ils ont été assez houleux, les-dits évêques ont remis globalement leur démission, aveu collectif unique dans l’histoire de la « sainte église catholique romaine ».

 

Les faits reconnus sont graves ; de nombreuses négligences dans la protection des enfants alors que celle-ci devrait être la priorité ; des prêtres fortement soupçonnés de pédophilie ont été couverts par leur hiérarchie, changés de diocèse mais remis au contact de mineurs ; certaines déviations malsaines auraient été détectées dès le séminaire et non prises suffisamment en compte.

 

Mais le plus intéressant, et le plus perturbateur, concerne la réflexion sur les causes profondes de cet aveuglement : une forme d’élitisme conduisant à une spiritualité désaxée. Selon moi, c’est bien là qu’est le fond du problème. Je connais suffisamment de responsables ecclésiastiques, souvent de grande valeur intrinsèque, pour affirmer que nombre d’entre eux mettent en priorité absolue la défense, bec et ongles, de leur église, même si elle a évidemment tort. J’ai déjà dit que le vœu d’obéissance, obligatoire pour tous les religieux, est, en soi, une grave erreur. Suite à la remise en ordre du pape, de nouveaux faits vont certainement se révéler ; il semblerait que, dans certain séminaire, des responsables aient encouragé l’homosexualité des jeunes prêtres ; je n’ai rien contre les homosexuels, bien au contraire, mais « résoudre » les problèmes du célibat de cette façon serait une dérive mortifère. Enfin, ne pas donner aux femmes la place qui leur revient est une absurdité. En ce temps de Pentecôte, c’est vraiment au Vatican que l’on a le plus besoin du Saint-Esprit.

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