Santé et intelligence artificielle

Publié le par Vincent Sévigné

L’intelligence artificielle peut être une chance pour les plus défavorisés. Je vais prendre l’exemple de la santé, mais on pourrait établir le même constat dans beaucoup d’autres domaines, y compris l’enseignement.

 

Si le gouvernement est à la hauteur de la situation, voici comment, dans dix ans, je vois la médecine de base dans les zones en voie de dépeuplement. Dans chaque village, il y aura une pièce « médicalisée » ouverte quelques heures dans la semaine. Le service sera assuré par un robot et par une « infirmière », ou un infirmier, dont la première responsabilité sera d’aider le patient à communiquer avec le robot.

 

Il n’est pas utile que le robot ait une « apparence humaine » ; par contre, il faut qu’il soit capable de parler et de comprendre la voix humaine, mais ceci n’est plus un problème ; le robot peut ne pas être plus volumineux qu’un smartphone. L’infirmière précitée devra aider le patient à formuler ses symptômes jusqu’à ce que le robot puisse fournir un diagnostic, celui-ci pouvant être qu’il s’agit d’un cas apparemment compliqué pour lequel il faut faire appel à un médecin généraliste plus compétent.

 

L’infirmière précitée doit être capable de prendre la température et la tension, d’utiliser un stéthoscope, de regarder la gorge et les oreilles, de faire une prise de sang ou une piqûre. Il serait bon qu’elle soit aussi autorisée à délivrer quelques médicaments classiques tels que les anti-inflammatoires de base et les antibiotiques universels.

 

Pour tout ce qui précède, un an d’étude suffit largement. Le diplôme pourrait être délivré à des personnes n’ayant pas le baccalauréat ; il n’est pas utile de savoir faire une multiplication ou de faire moins de sept fautes d’orthographe dans une dictée pour assimiler ce qui est indiqué plus haut. Il n’est pas nécessaire de connaître les effets de tel ou tel médicament et de connaître les contre-indications : c’est la responsabilité du robot.

 

Par contre, il faut que l’infirmière ait l’intelligence du cœur, à commencer par l’empathie, voire la compassion ; il faut qu’elle sache écouter, qu’elle inspire confiance et qu’elle soit suffisamment modeste, voire humble, pour attendre le diagnostic du robot. Elle peut être jeune, mais ce n’est pas nécessaire. Il serait souhaitable qu’elle soit connue dans le village, par exemple en ayant, en même temps, un autre métier.

 

Cela permettrait de donner du travail à des personnes peu diplômées tout en assurant un suivi médical de base dans les lieux isolés. La France a parfaitement les moyens humains capables de mettre au point des robots suffisamment performants, d’autant plus que les logiciels sous-jacents pourraient être régulièrement réactualisés en fonction des résultats sur le terrain. Y aura-t-il un gouvernement suffisamment courageux pour amorcer cette révolution dans quelques zones pilotes ? Le plus tôt serait le mieux ; cette première expérimentation étant, évidemment, strictement basée sur le volontariat. Mais il faut savoir qu’il y aura un blocage psychologique généralisé : la sclérose idéologique est aussi prégnante en France que dans tous les autres pays du monde. Peut-être que les Africains seront plus modernes et plus « raisonnables » que les Français.

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