Macron en Chine : le bilan

Publié le par Vincent Sévigné

Selon moi, le bilan formel est excellent ; reste à savoir où est l’essentiel. Monsieur Macron a bien fait d’aller en Chine assez tôt : c’est, évidemment, un partenaire incontournable. Le bilan des contrats est à la hauteur de ce que l’on peut attendre d’un tel voyage. Le soutien de la Chine à New Areva est certainement assorti de transfert de technologies, mais, vu l’état de l’ex-Areva, on ne peut pas faire la fine bouche. La levée de l’embargo chinois contre la viande bovine française est une très bonne novelle pour certains de nos agriculteurs. Vendre des Airbus est toujours une bonne chose.

 

L’accord sur la lutte contre la pollution était facile mais de bon ton. Il semble qu’il n’y ait pas eu d’impair. Notre Président a eu raison de ne pas afficher des prétentions dérisoires en ce qui concerne les droits de l’homme ; la France n’a aucune leçon à donner à qui que ce soit ; de plus, sur le fond, mieux vaut un régime dictatorial en Chine qu’un chaos généralisé qui aurait des conséquences désastreuses pour toute la planète, à commencer par la Chine elle-même.

 

Tout cela étant dit, et ce n’est pas négligeable, il n’en reste pas moins que la balance commerciale des échanges entre la France et la Chine est une catastrophe pour la France, en dépit des contrats précités. La Chine est toujours aussi protectionniste. Emmanuel Macron fait semblant de croire qu’il arrivera à négocier, d’égal à égal, en s’appuyant sur l’Europe ; cette hypothèse est absurde ; les intérêts des divers pays européens sont beaucoup trop divergents pour qu’ils aient intérêt à adopter un front uni. C’est au gouvernement de la France d’imposer des taxes pour limiter le dumping chinois ; monsieur Macron ne prend absolument pas cette direction alors que monsieur Xi Jimping est suffisamment intelligent pour, si on le lui demandait, tolérer une défense française raisonnable.

 

La Chine s’installe peu à peu en France ; il est vrai que cette pénétration est encore modeste comparée à d’autres pays mais l’échelle de valeurs de la Chine n’est pas la même que celle des États-Unis ou de l’Allemagne ; d’ailleurs, le gouvernement chinois n’hésite pas, par des artifices divers, à écraser, en Chine, les entreprises étrangères qui ne lui conviennent pas. Nourrir le veau et le lionceau ensemble, laisser le nourrisson jouer sur le nid du cobra – livre d’Isaïe, chapitre 11 - sont des stratégies qu’il faut réserver aux prophètes et aux contes de fées.

 

Emmanuel Macron bénéficie d’un enneigement international exceptionnellement favorable, mais le déficit commercial français atteint des sommets propices aux avalanches.

 

 

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