La gouvernance de l'Europe est-elle déjà nullissime ?

Publié le par Vincent Sévigné

Dans le registre « je prends les peuples européens pour des imbéciles », il faut reconnaître que les ministres européens des finances ont fait exploser les limites du ridicule tolérable. La liste des paradis fiscaux labellisés est, au mieux, un message adressé au père Noël de la naïveté.

 

Pourquoi la gouvernance européenne s’est-elle laissé embarquer dans une entreprise aussi absurde qui ne peut que diminuer son crédit, pourtant déjà bien bas. Car le plus grave n’est pas la pauvreté de la liste précitée, mais ce qu’elle révèle de l’impuissance de l’Union européenne face aux défis actuels.

 

Après un tel désastre psychologique, car c’en est un, comment peut-on encore croire que l’Europe MM, celle de Macron-Merkel, puisse s’opposer à l’optimisation fiscale ? Comment pourrait-elle endiguer la voracité des décideurs fortunés et des multinationales ? Comment pourra-t-elle contrer la toute puissance chinoise et le protectionnisme de Trump, tout à fait légitimes au demeurant ?

 

Et il y a encore plus grave. En reconnaissant Jérusalem comme capitale de l’état d’Israël, Trump met le feu aux poudres. Il se désintéresse totalement des retombées collatérales sur l’Europe. Si, par exemple, Erdogan laisse partir trois millions de réfugiés syriens, que va faire le couple Macron-Merkel enchaîné par des statuts européens qui n’avaient pas du tout envisagé un tel scénario ?

 

Il serait temps de revenir sur terre, comme Thomas Pesquet. La Chine et les États-Unis ont besoin de la machine économique européenne : c’est pourquoi une relance de celle-ci est tout à fait possible. Par contre, un effondrement du pouvoir politique dans la plupart des pays européens ne serait pas pour leur déplaire.

 

Vous allez me dire, à quoi sert un pouvoir politique ? À protéger les plus faibles, à compenser le chômage, à défendre les acquis sociaux raisonnables, à assurer la pérennité de la sécu : dans leurs propres pays, ni Trump, ni Xi Jinping ne sont des fans de ces avatars de la démocratie ; on ne voit vraiment pas pourquoi ils seraient plus altruistes en ce qui concerne les Européens. Quand à la démocratie elle-même, ne rêvons pas.

 

Et Johnny ? Quels que soient ses démêlés avec le fisc, je crois que l’on peut faire confiance à Emmanuel Macron pour lui assurer un hommage national approprié : il est bon que la France fasse son deuil.

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