Hollande achève les PME

Publié le par Vincent Sévigné

« On achève bien les chevaux », pourquoi pas les PME. Les orientations de Hollande pour 2016 sont de plus en plus lumineuses : haro sur les classes moyennes et les PME. Il va sans dire que les apparatchiks, eux, resteront à l'abri de ce Trafalgar.

La dernière trouvaille, mais il y en aura d'autres, concerne la complémentaire santé. Une loi presque aussi pernicieuse que celle sur la pénibilité, il est vrai heureusement légèrement simplifiée par le décret du 30 décembre 2015, Chaque salarié, sauf ceux payés par un particulier et quelques autres exceptions anecdotiques, doit avoir une complémentaire santé. Cette complémentaire peut être choisie par l'employeur. La participation financière de celui-ci, même si c'est une association, doit être au moins égale à la moitié de la cotisation.

Sur le fond, cette nouvelle directive est absurde : le contrat choisi par l'employeur doit respecter un socle de garanties minimales. Si un tel socle est minimal, c'est la sécurité sociale qui doit le prendre en charge ; elle est faite pour cela. Les complémentaires santé sont là pour permettre à ceux qui le souhaitent d'être mieux assurés. Ce principe de liberté a permis de construire un système diversifié, certes imparfait, mais où chaque assuré peut faire jouer la concurrence.

La nouvelle loi va donc, par un simple effet de dominos, complètement déstabiliser le système actuel . Mais il y a plus grave : elle va imposer à chaque PME une paperasserie et des frais supplémentaires démoralisants. Or, tout le monde l'affirme, ce sont les PME qui embauchent. François Hollande est-il donc un imbécile ? Je pense que non. Le constat qui s'impose me semble infiniment plus alarmant .

François Hollande a très bien compris que les patrons des PME ne votent pas pour lui. Il n'a aucun complexe pour les écraser. La nouvelle loi est d'abord électoraliste : les employés ne vont voir que leur propre profit lié à la baisse de leurs cotisations pour des garanties améliorées. Le grand patronat a les moyens humains et financiers de s'adapter à la nouvelle loi, sur ce point comme pour ce qui est évoqué ci-dessous.

Et le chômage ? François Hollande a déjà annoncé la couleur lors de ses vœux. Les PME devront engager des chômeurs, éventuellement sous couvert d'apprentissage ou de recyclage. Même si les conditions financières proposées seront intéressantes, au niveau des PME l'embauche ne peut être stimulante que si elle repose sur la liberté d'entreprendre. En clair, François Hollande engage la France vers un système économique de type collectiviste pour les PME et capitaliste pour le grand patronat. Sarkozy allait un peu dans la même direction. Or, ce système peut fonctionner, avec des nuances diverses. La répartition de la population entre plèbe, patriciens et « apparatchiks » a tenu quelques siècles sous l'empire romain. De même, la répartition entre nobles, roturiers et « apparatchiks » a porté la royauté jusqu'à la Révolution française. Selon moi, au plus tard en 2022, peut-être même dès 2017, le clivage politique se fera entre les tenants de cette orientation, tout à fait dans la ligne de la mondialisation « sauvage », et les « populistes » partisans d'une classe moyenne libre, contestatrice et entreprenante.

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