Un bon débat

Publié le par Vincent Sévigné

Selon moi, ce premier round a donné lieu à un débat d'un très haut niveau qui fait honneur à la France. Les deux animateurs ont eu l'intelligence de laisser les candidats s'exprimer, sans les interrompre inopportunément.

 

Mélenchon a réussi, à la fois, à bien exposer son projet et à débusquer certaines faiblesses de Macron. Il est bien évident qu'un quidam qui offre une « obole » de cinq mille euros pour une campagne électorale a des moyens financiers conséquents et espère un retour sur investissement. De même, le « pantouflage », prôné par Macron, présente un réel danger pour la démocratie, surtout s'il s'agit du Président de la République lui-même.

 

Marine, elle aussi, a réussi à clairement exposer sa politique souverainiste et à mettre en évidence, au bon moment et avec à propos, l'une des caractéristiques de monsieur Macron : faire du saupoudrage et envelopper dans de belles phrases une absence totale d'orientation réelle.

 

Quelques remarques sur la forme, surtout perceptibles en fin d'émission. Monsieur Mélenchon m'a semblé un peu désabusé : il croit en son projet mais il sait bien qu'il ne sera pas au second tour. Madame Le Pen a pris l'habitude de se tourner vers la foule pour recueillir son assentiment : c'est probablement très efficace dans un meeting mais cela ne passe pas dans une confrontation comme celle d'hier soir : il lui faut absolument gommer cette erreur de com lors du prochain débat.

 

Monsieur Macron a laissé transparaître le fond de son caractère : s'il est élu Président, son arrogance deviendra vite imbuvable. De plus, selon moi, ses premiers mois en tant qu'empereur des Français seront absolument catastrophiques. Grisé par le soutien des milieux financiers, il va creuser la dette pour satisfaire ses promesses tous azimuts. Il va faire exploser le chômage, d'une part en ouvrant les vannes de l'immigration, d'autre part en écrasant les patrons des PME classiques pour faire plaisir à la gauche et aux syndicats, notamment avec le compte pénibilité. Il va accroître le pouvoir des plus riches. En moins d'un an, il sera rejeté violemment par la majorité des Français, et d'abord par ceux qui le soutiennent aujourd'hui quand ils comprendront leur erreur. S'il n'accède pas au second tour, monsieur Fillon aurait tort de sous-estimer ce risque de tsunami qui pourrait l'engloutir, lui aussi, s'il soutenait trop clairement monsieur Macron entre les deux tours car, dans ce cas, Marine aurait beau jeu de fustiger l'UMPS, resterait le seul recours et prendrait le pouvoir en 2022.

 

Monsieur Fillon a défendu honnêtement son programme mais il n'a pas su, au bon moment, montrer ce qui le sépare de monsieur Macron. Celui-ci a eu l'intelligence d'attendre la fin de l'émission, ou presque, pour affirmer que ses propositions étaient financièrement crédibles, ce qui est évidemment complètement faux ; c'est Fillon qui aurait dû sauter sur l'occasion pour dénoncer l'imposture : il ne l'a pas fait. C'est, selon moi, la plus grave des erreurs commises par les candidats. Mais il reste un autre débat.

 

Monsieur Hamon a réaffirmé que le revenu universel était bien l'ossature de son projet : je n'ai pas réussi à bien comprendre où en est ce squelette.

 

Après ces quelques remarques, je crois utile de revenir à l'essentiel : l'émission du lundi 20 mars a été un grand moment de démocratie. Les médias vont-ils, enfin, être à la hauteur de nos candidats ?

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