Fillon peut-il modifier son programme ?

Publié le par Vincent Sévigné

François Fillon a cinq mois pour améliorer sa feuille de route. Tous les lieutenants vont être à sa disposition pour peaufiner chaque rubrique. C'est vers lui que vont converger toutes les propositions.

 

Or, la majorité des Français qui ont voté pour lui sont convaincus qu'il va tenir ses promesses, contrairement à ses prédécesseurs. Alors, François Fillon est-il complètement lié par ses déclarations lors de la primaire ? Oui et non.

 

Son premier engagement est un changement de logiciel, une rupture réelle et vigoureuse avec trente cinq ans de laisser aller. C'est d'abord sur cette option « dure » qu'il sera jugé. Tout donne à penser que cette orientation correspond à une conviction profonde et qu'elle sera donc maintenue contre vents et marées.

 

Les grandes lignes du programme, elles aussi, seront respectées mais elles sont beaucoup plus adaptables que ne le laisse croire une analyse rapide et superficielle. Regardons, par exemple, la suppression de cinq cents mille postes dans la fonction publique, mesure phare qui suscite une levée de boucliers. Fillon ne s'est pas engagé à en supprimer cent mille dès la première année. Il a donc le temps d'élaborer des mises à la retraite alléchantes ou des reconversions dans le privé valorisantes. De plus, s'il réussit à alléger le millefeuille administratif, cela peut dégager quelques économies de personnels. Rappelons, comme l'a fait François Fillon lui-même, qu'il y a eu un million de postes créés dans les collectivités territoriales pour ne pas faire grand-chose de plus qu'avant : cela laisse une confortable marge de manœuvre.

 

De même, en ce qui concerne le remboursement des médicaments par la sécurité sociale, problème particulièrement sensible, on ne peut pas nier qu'il y ait un peu de gabegie. Les Français absorbent trop de médicaments et leur gratuité ne peut qu'aggraver cette assuétude. François Fillon propose un remède de cheval, mais c'est pour imposer une véritable négociation comme il l'a laissé entendre sur France 2, le 28 novembre au soir. Il reste un grand nombre de questions à débattre. La grippe est-elle une maladie grave ? La sécurité sociale doit-elle rembourser les antibiotiques de base ? Inversement, faut-il cesser de rembourser des médicaments « lourds » dont l'efficacité n'est pas prouvée et qui sont potentiellement dangereux ?

 

Bref, le discours de François Fillon veut surtout dire « je vous ai compris ! » Monsieur Fillon est plus engagé par ses convictions affichées que par son programme actuel et il reste un laboureur pragmatique : on peut encore espérer qu'il saura s'adapter intelligemment à la météo, c'est-à-dire aux réels besoins du peule français, droite et gauche confondues. Par contre, ce qui est clair, c'est qu'il ne compte pas négocier avec des partis politiques pour les valoriser : on n'est plus au temps de la quatrième République et François Fillon n'est pas François Hollande. Même dans son camp, ce sont ses « braves » qu'il met aux postes clefs.

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