Saint-Denis et Madame Taubira

Publié le par Vincent Sévigné

L'assaut à Saint-Denis montre, s'il en était encore besoin, la terrible responsabilité de la justice, et donc de Madame Taubira, dans les attentats du 13 novembre.

Il est indispensable de le dire haut et fort. D'autant plus que, me semble-t-il, certains Français ne comprennent pas bien ce qui se passe. Pourquoi n'a-t-on pas fait de perquisitions et d'interpellations plus tôt ? Il est bien évident que la plupart des cibles étaient connues avant les attentats. Alors, pourquoi ?

Parce que cela était interdit : la France est un état de droit, et c'est très bien ainsi. La police avait-elle tiré la sonnette d'alarme. Non, elle avait sonné le tocsin ; le 14 octobre, elle avait massivement hurlé sous les fenêtres de la justice pour demander un peu plus de souplesse administrative, un peu plus de soutien moral. Mais la justice s'est bouché les oreilles. Pour Madame Taubira, la priorité est de rester la caution gouvernementale de la gauche de la gauche : on l'a déjà dit. Et c'est à ce titre qu'elle restera au gouvernement. (voir mon précédent billet : « Taubira peut-elle rester ? »)

Même après les attentats certains disaient, ou disent encore, que l'état d'urgence est à la fois dangereux et inutile. Dans un communiqué, le lundi 16 octobre, le Syndicat de la Magistrature affirme « … C’est pourquoi le discours martial repris par l’exécutif et sa déclinaison juridique dans l’état d’urgence, décrété sur la base de la loi du 3 avril 1955, ne peuvent qu’inquiéter » (sic)
Or, c'est l'état d'urgence qui a permis les interventions multiples, sans nécessiter, à chaque fois, l'autorisation d'un magistrat rarement disponible. Un magistrat auquel il fallait donner des preuves factuelles incontestables du fait que tel quidam s'apprêtait à commettre un attentat avant de pouvoir perquisitionner à son domicile : non, je n'exagère pas, ou si peu. Perquisition qui ne pouvait pas commencer avant 6 h du matin. Et, même si son passé était fort inquiétant, une astreinte à résidence ou, a fortiori, le port d'un bracelet électronique, ne pouvait être autorisé qu'au vu de « preuves » convaincantes. Or, on sait aujourd'hui que les terroristes font tout pour passer inaperçus.

L'assaut à Saint-Denis prouve que l'état d'urgence a porté ses fruits. Cela ne s'arrêtera pas là. Et pourtant il y a des députés – assez peu il est vrai - qui n'ont pas voté pour l'extension à trois mois de l'état d'urgence.

Un jour, il faudra remettre en cause l'état d'urgence car la protection des libertés individuelles doit rester la priorité. Mais, soyons sérieux un instant. Est-ce que vous avez peur d'être arrêté par la police ? Moi, non. Est-ce que le sympathisant musulman – s'il n'est pas un dealer – tremble de peur à l'approche d'un policier ? Je pense que non. Une remarque anecdotique, peut-être due à mon physique : à chaque fois qu'il y a un contrôle au faciès, à la douane ou ailleurs, c'est toujours sur moi que cela tombe. Et pourtant, ledit contrôle a toujours été parfaitement respectueux : je n'en demande pas plus.

Est-ce que j'aurais peur de passer devant un juge ? Oui. Tous les avocats l'affirment : si la justice vous convoque, taisez-vous et attendez votre avocat. En clair, ne vous faites aucune illusion. La loi m'interdit d'en dire plus.

Une dernière remarque : êtes-vous convaincu que la justice utilise la même balance pour les « pauvres gosses » qui jouent à affronter, physiquement ou verbalement, la police et pour les « salauds » d'extrême droite – que je ne cautionne pas – qui se promènent le crâne rasé et en tenue paramilitaire ?

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article