Eucharistie et divorcés remariés

Publié le par Vincent Sévigné

La doctrine doit toujours avoir le dernier mot. La compassion ne peut en aucun cas justifier un acte condamné par la doctrine. Mais cette évidence a un corollaire : toute affirmation doctrinale doit être irrécusable.

Que faut-il penser de l'interdiction de bénéficier de l'eucharistie imposée aux divorcés remariés ?

Tout d'abord, l'indissolubilité du mariage chrétien est-elle un « commandement de Dieu » ou un « commandement de l'Eglise » ?

Prenons un exemple. Un couple a quatre enfants ; il vit des valeurs évangéliques ; mais, ce couple étant non pratiquant, son mariage est purement civil ; et puis, un peu après la quarantaine, le démon de midi fait son œuvre et le mari abandonne femme et enfants pour suivre une jeunette ; l'Eglise, sans la moindre réserve, autorise ce nouveau couple à convoler en justes noces chrétiennes. Dans le plan de Dieu sur l'humanité, le premier couple était vraiment uni par le mariage : l'homme a donc séparé ce que Dieu avait uni et l'Eglise cautionne totalement cette séparation. En clair, l'indissolubilité du mariage n'est pas un « commandement de Dieu » mais un « commandement de l'Eglise » qui ne s'applique qu'aux mariages dûment enregistrés par ladite Eglise. Celui qui prétend le contraire est un hérétique.

Mais l'Eglise a-t-elle le droit de délier ce qu'elle a elle-même lié ?

Prenons un deuxième exemple. Un homme a été ordonné prêtre en pleine connaissance de cause. Mais, là aussi, un peu après la quarantaine, le « démon de midi » révèle, en la personne d'une jeunette, le besoin de tendresse. L'Eglise, par compassion, délie l'engagement initial et peut même bénir cette nouvelle union. Or, le sacrement de l'ordre est évidemment un sacrement majeur puisqu'il donne le pouvoir, à un homme, de pardonner les péchés et celui de faire venir le Christ lui-même dans un peu de pain et de vin.

De quel droit l'Eglise s'autorise-t-elle la compassion envers les curés défroqués et non envers les divorcés ?

Reprenons le premier exemple, mais en supposant, cette fois-ci, que ce couple avec quatre enfants s'est marié « à l'église ». La femme qui a été abandonnée avec ses quatre enfants, qui galère et assume sa nouvelle situation n'a-t-elle pas le droit de retrouver un autre pour s'aider à vivre ? Lui refuser l'accès à l'eucharistie est un abus de pouvoir absolument contraire à l'esprit de l'évangile.

Redisons-le : les tenants de cette intransigeance injustifiée sont des hérétiques.

Terminons par une remarque, qui peut sembler hors sujet, mais qui peut expliquer certaines dérives intellectuelles.

Dans leur subconscient, certains théoriciens pensent qu'il faut donner priorité à la rigueur, de peur de donner trop de place au laxisme. C'est souvent vrai, mais uniquement si ledit laxisme est une erreur. Un exemple ancien est célèbre. Les premiers chrétiens étaient souvent de confession juive et ils continuaient à observer la « loi de Moïse ». De bonne foi, de hauts responsables de l'église de Jérusalem pensaient qu'il fallait imposer la circoncision à tous les nouveaux baptisés. Pierre lui-même était indécis, et on le comprend. C'est Paul qui a délié l'Eglise de cette contrainte, et pourtant, si vous avez lu ses épîtres, vous savez que Paul est à l'opposé du laxisme. C'est en vertu de sa compréhension de Jésus-Christ que Paul a été à l'essentiel.

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